Les transferts de devises sous la loupe

Installation d’un comité de veille et de suivi
Les transactions financières de l’Algérie avec le reste du monde, dans le cadre du commerce extérieur, seront soumises, désormais, à des contrôles plus «rigoureux», avec un «strict» respect de la réglementation des changes édictée par la Banque d’Algérie, notamment durant cette période d’instabilité politique. Un comité de veille et de suivi vient d’être installé, a annoncé le ministère des Finances dans un communiqué. Il aura comme mission principale de suivre l’évolution des transferts en devises vers l’étranger.
Par Zahir R.
Selon les précisions du département de Mohamed Loukal, qui avait été désigné à la tête de la Banque centrale, ce comité est composé de hauts fonctionnaires du ministère des Finances, de représentants de la Banque d’Algérie (BA) et de représentants de la Communauté bancaire (Abef). «Le comité a pour mission de s’assurer que les opérations de transferts en devises par les banques, en tant qu’intermédiaires agréés, sont exécutées dans le strict respect de la réglementation des changes édictée par la Banque d’Algérie», a-t-il souligné. Ces opérations sont classées en trois catégories, rappelle-t-il.
La première concerne le règlement des opérations d’importation de biens et services, conformément à la législation et à la règlementation régissant le commerce extérieur et des changes en vigueur.
La seconde concerne, poursuit la même source, les transferts dans le cadre d’investissements à l’étranger effectués par un opérateur résident en Algérie. Ceux-ci ne peuvent être effectués qu’après autorisation du Conseil de la monnaie et du crédit (CMC).
Quant à la troisième catégorie, elle porte sur les transferts des dividendes liés à des investissements directs en Algérie. Ces transferts sont exécutés conformément aux dispositions légales et réglementaires, sur la base d’un dossier constitué dans le strict respect de la règlementation des changes, régissant ce volet.
Par ailleurs, s’agissant de transferts de cash, relatifs à des exportations physiques de billets de banques, celles-ci sont encadrées rigoureusement par la règlementation en vigueur. Elles font l’objet d’un contrôle strict au niveau des postes frontaliers par les services compétents, précise encore le communiqué du ministère.
Depuis le début du «Hirak» pour un changement pacifique et total du régime, des alertes de transferts de devises «frauduleuses» ont été signalées par des experts financiers. Ces derniers ont recommandé l’installation d’une commission «indépendante» pour le contrôle notamment de nos réserves de change, estimées à 73 milliards de dollars. En date du 26 mars dernier, rappelle-t-on, des responsables de la BA cités par l’APS, ont démenti que ce prétendu emballement des transferts de capitaux, par le canal bancaire, était «dénué de tout fondement». Toutefois, ils ont assuré que l’octroi de crédits bancaires aux opérateurs «relevait des seules prérogatives des banques commerciales » et «obéissait à des procédures et règles établies par ces banques, conformément aux lois et réglementations en vigueur».
L’ancien ministre et expert financier Abderrahmane Benkhalfa qui s’est exprimé hier sur les ondes de la Radio nationale «Chaîne I» a souligné l’importance d’activer le rôle des banques dans le contrôle des envois de Fonds, en particulier les bénéfices des sociétés et les transactions d’importation. «Nous devons passer à l’état d’urgence sur le plan financier, afin de protéger l’économie nationale durant cette période», a-t-il suggéré. Se félicitant de la mise en place du comité chargé de veille, M. Benkhalfa a affirmé que cette instance se limitait à surveiller les flux financiers au niveau national et à préserver les réserves de change estimées à 80 milliards de dollars, loin d’assurer un contrôle des dossiers bancaires. «L’économie doit être protégée en ce moment-là», a-t-il martelé, avant de plaider pour un contrôle rigoureux des opérations d’importation et de transferts de fonds pour cette année (2019). Selon lui, la facture des importations n’excéderait pas, celle enregistrée durant les cinq dernières années.