L’Etat dans l’intérêt de réguler un marché qui échappe à son contrôle

Par Abdelkader Mechdal
La régulation du marché des produits de grande consommation pendant le mois de Ramadhan en particulier, période où la consommation explose et ouvre ainsi la voie à cette machine spéculative, est un acte public qui doit être généralisé à toutes les périodes de l’année, avec une attention particulière au temps où la pression devient extrême.
L’ouverture de points de vente de proximité à travers les wilayas du pays, dans le cadre du combat contre la spéculation, doit prendre une autre ampleur en permettant aux walis des différentes wilayas du pays d’organiser l’activité commerciale qui touche aux produits alimentaires, en optant à l’utilisation des espaces publics comme lieu abritant cette activité, ce qui aura à normaliser les pratiques commerciales selon la disponibilité des produits, et mettre un terme aux situations de manque d’approvisionnement provoquées par les spéculateurs.
L’intérêt de l’Etat est entier dans ce genre d’interventions. La grande spéculation, qui touche les produits de première nécessité, interpelle les institutions publiques à se manifester pour faire face à des attitudes touchant à la sécurité de la vie publique, puisqu’elle provoque des tensions tant du côté des consommateurs que celui des producteurs. Les prix, qui passent en un laps de temps d’une valeur à son double et plus, jouent comme un élément de déstabilisation sociale pendant des périodes très particulières comme le Ramadhan qui doit normalement paraître comme un rendez-vous de rassemblement et de facilitation des moyens de la vie quotidienne.
Une situation flagrante, qui est celle de voir le pouvoir d’achat des consommateurs prendre des coups durs, en même temps que les produits alimentaires, surtout agricoles d’entre eux sont d’une disponibilité au point que les producteurs ne trouvent pas preneurs. C’est ce qui a fait sortir le ministre du Commerce sur un terrain qui était jusque-là conquis par les spéculateurs, pour faire respecter une loi tant bafouée par des pratiques de gain facile au détriment des consommateurs à faible revenu. Et puis, dans une conjoncture très difficile que celle que le pays est en train de vivre au temps du coronavirus, la frange de société des plus faibles aura à faire face à plus de difficultés, avec la perte d’emploi et de revenu en relation avec les restrictions en relation avec le confinement. Alors, au temps où les pays du monde optent pour des plans de solidarité envers les plus faibles, il est de notoriété dans le cas de l’Algérie, que les autorités passent à une offensive qui puisse mettre un terme à la spéculation qui ronge les marchés de gros des produits de première nécessité.
A partir d’un pareil constat, il n’est pas normal que dans un grand pays à potentiel productif certain comme l’Algérie, que la régulation du marché soit l’affaire du ministre du Commerce en personne, au lieu que ça soit celle des institutions de l’Etat qui doivent intervenir à travers le territoire national pour faire respecter la loi. Et puis, ces institutions doivent participer à solutionner le problème de la production des agriculteurs qui ne trouvent pas preneurs et qui se retrouvent comme proie facile des intermédiaires-spéculateurs. L’Etat a tout intérêt de réguler ce marché d’un chiffre d’affaires avoisinant les 30 milliards de dollars par an pour les produits agricoles frais seulement, ce qui lui permettrait aussi de garantir des rentrées budgétaires importantes hors des hydrocarbures, donc de lier la protection du pouvoir d’achat des citoyens à celui de consolider les ressources budgétaires publiques.