L’Etat ne se départira pas de sa politique sociale

Ouyahia l’a réaffirmé lors de la réunion préparatoire de la prochaine tripartite
Sauf qu’un passage du communiqué final, qui a sanctionné les travaux de cette rencontre, laisse clairement entrevoir que ce maintien aura un prix. Celui de «la rationalisation de la politique publique de justice sociale et de solidarité nationale».
Objet, depuis l’ouverture économique de la fin des années 80 et, plus particulièrement, depuis la chute drastique des prix du pétrole, intervenue en juin 2014, de toutes les divergences et de toutes les spéculations, la politique sociale de l’Etat n’en finit pas de faire parler d’elle.
Comme attendu, elle a été abordée par les participants à la rencontre tripartite «Gouvernement-UGTA-Patronat» qui s’est tenue, avant-hier, au Palais du gouvernement, qui tous ont convenu de sa poursuite.
Ce qui a permis à Ahmed Ouyahia, qui a présidé la rencontre en question, de délivrer, dans un point de presse qui a suivi sa tenue, un message à l’intention «des travailleurs et des citoyens» du pays pour les informer et, en même temps, les tranquilliser, que cette politique sociale «sera maintenue par son gouvernement».
Sauf qu’un passage du communiqué final, qui a sanctionné les travaux de cette rencontre, laisse clairement entrevoir que ce maintien aura un prix. Celui de «la rationalisation de la politique publique de justice sociale et de solidarité nationale».
Concession évidente aux représentants du Patronat présents, à une partie de la classe politique, surtout, celle s’inscrivant dans le camp de l’opposition, et à nombre d’experts économiques qui n’ont eu de cesse de plaider pour une politique sociale mieux élaborée, dans le sens d’un ciblage plus pertinent de ses bénéficiaires, l’annonce de cette rationalisation n’est pas pour étonner les observateurs de la scène politico-économique nationale.
Et ce, tant elle était dans l’air depuis quelques temps déjà : Abdelmalek Sellal et Abdelmadjid Tebboune en avaient déjà parlé, en effet. Sauf que leurs propos n’avaient pas été suivis de mesures concrètes confirmant la rationalisation annoncée.
En signant, au nom du gouvernement, le communiqué final dans lequel il est expressément annoncé que «la politique sociale sera préservée mais rationalisée», Ahmed Ouyahia va-t-il franchir le pas que ces prédécesseurs n’ont pas osé franchir ?
Tout le laisse supposer tant l’homme est connu pour être «l’homme qui n’hésite pas à affronter les situations les plus difficiles» ; un homme qui a aujourd’hui le plein appui du président de la République pour aller dans cette voie. Un autre passage du communiqué le laisse entrevoir : celui où il est annoncé que «le Premier ministre a également informé les participants des tensions financières auxquelles fait face le pays».
Comme pour mieux mettre en exergue l’acuité de ses tensions et ce, dans l’objectif avéré de mieux sensibiliser, non pas uniquement les participants à la rencontre de jeudi dernier, mais de larges pans de l’opinion publique, ledit communiqué fait également état de directives du président de la République visant «à la mobilisation de financements internes non conventionnels».
Toute la question, au vu de toutes ces annonces, est de savoir quelles seront les voies que choisira le gouvernement Ouyahia pour rester fidèle, dans une conjoncture financière difficile, à une constante de tous les pouvoirs qui ont eu à diriger l’Algérie depuis son indépendance.
Une constante que le Premier ministre n’a pas manqué de rappeler avant-hier quand il a déclaré, assurément pour marquer les limites de la rationalisation projetée, que « ’Algérie a une politique sociale constante fondée sur la justice sociale et la solidarité nationale ».
Va-t-on vers un ciblage plus précis des bénéficiaires de cette politique ? Et ce, aussi bien en matière de subventions aux produits alimentaires de large consommation et aux produits énergétiques (carburants, électricité) que d’accès aux soins et au logement social.
Tout, malgré la difficulté attendue de la tâche due, pour partie, aux intérêts occultes qui seront ainsi bousculés et, pour partie, à la malhonnêteté d’indus-bénéficiaires, l’indique. Et ce, pour au moins deux raisons essentielles : la rationalisation projetée permettra, en effet, une meilleure prise en charge des personnes ciblées et, partant, elle permettra, il y va de soi, une réduction, que certains envisagent drastique tant les indus-bénéficiaires sont nombreux, des énormes sommes consacrées aux transferts sociaux.
Pour rappel, pour la seule année en cours, 23,7% du budget global de l’Etat ont été affectés aux transferts sociaux. En termes clairs, ce sont pas moins de 1 630,8 milliards de DA qui ont été consacrés par l’Etat algérien au financement de sa politique sociale ; une politique qui s’appuie sur un triptyque composé « de subventions des produits de base (céréales, lait, sucre et huiles alimentaires)», d’aides à la santé et de financements des programmes nationaux de logement.