
Par : HAMMOUTENE Ourdia et ZIDANE Mohamed Arafat
Cette étude tente d’interroger l’existence ou non de la relation entre la certification du Système Management de la Qualité (SMQ) et la performance à l’exportation dans le milieu industriel public algérien. Dans ce milieu, nous avons choisi d’enquêter trois entreprises publiques industrielles algériennes (EPIA) certifiées. Nos résultats empiriques semblent montrer qu’à l’instar de la plupart des EPIA, la relation analysée n’est pas vérifiée dans les trois entreprises enquêtées. Au-delà des contraintes liées au climat des affaires et celles traversant tout le champ de l’activité économique, des contraintes endogènes pèsent vigoureusement sur la capacité exportatrice de ces entreprises.
L’objectif de développer les exportations s’inscrit également dans les priorités de l’ENIEM à la phase actuelle. D’une part, l’entreprise a participé à des expositions spécifiques au secteur de l’électroménager à Cotogno en 2016 et en Côte d’ivoire, en Mauritanie et au Niger en 2017. Aussi, l’entreprise a pris part au salon international tenu au Portugal en Juillet 2018. D’autre part, un contrat à l’exportation pour le congélateur 220F a été signé en 2018 avec le Niger. Pour sa part, la direction commerciale et marketing nouvellement crée à Electroindustries a mis le premier pas sur les marchés de l’exportation vers le marché africain avec la participation de l’entreprise aux salons et foires tenus en Afrique en 2016. A l’issue de ce premier pas, la procédure d’homologation des transformateurs a été enclenchée auprès de l’entreprise d’électricité du Sénégal SENELEC. En outre, des actions de publicité et de communication ont été réalisées, à savoir : la souscription aux différentes revues et annuaires professionnels. L’analyse de l’évolution des exportations des entreprises enquêtées, révèle l’inexistence d’impact de la certification du système management qualité de ces entreprises sur leur capacité exportatrice. En effet, la certification obtenue par Electro-industries en 2004 n’a pas engendré des exportations dans les années qui ont suivi. Cela dit, sur le marché national, l’entreprise a profité d’une position dominante en couvrant à une certaine époque 70% de la demande nationale de transformateurs. Aujourd’hui, la demande reste importante même si Electro-industries n’occupe plus comme par le passé une position de monopole sur le marché en raison de l’entrée en force de concurrents locaux et étrangers. Hormis l’impact possible de la certification de l’ENIEM et SAIDAL sur leur position commerciale au niveau national, celle-ci n’a pas amélioré leur capacité exportatrice. En effet, l’ENIEM a effectué une seule opération d’exportation depuis l’obtention de la certification de son système management de la qualité en 1998.Au niveau de SAIDAL, on constate une perte de régularité des opérations des exportations et une baisse du volume des exportations en valeur après l’obtention de la certification en 2005.
4.4. Les contraintes des entreprises enquêtées dans la promotion d’une politique d’exportation
Au-delà des contraintes liées au climat des affaires (précarité du système bancaire, la concurrence déloyale…) et celles traversant tout le champ de l’activité économique (bureaucratie administrative, incertitude des politiques économiques…), notre étude se focalise sur les contraintes endogènes qui empêchent les entreprises enquêtées de promouvoir une politique d’exportation. Celles-ci sont diverses et de nature différente: contraintes technologiques, économiques et organisationnelles. Aujourd’hui, une des principales problématiques imposées aux trois entreprises est liée à l’urgence de moderniser leurs produits. Pour Electro-industries, l’urgence est de rattraper le retard accusé au plan technique concernant les moteurs (moteurs à code IE1 ou IE2 dépassés en termes d’efficience énergétique) par rapport aux producteurs européens qui sont passés avant 2010 à la fabrication suivant l’efficience économique.
Dans ce cadre, l’entreprise a participé en 2012 aux projets PNR avec l’université de Djelfa, l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou et avec l’université de Khemis Miliana. Cette collaboration porte sur les études de l’amélioration des rendements de la gamme de l’entreprise et sur les études de la surtension dans les moteurs causés par la variation de la vitesse. Aussi, la fabrication des transformateurs de grande puissance (au-delà de 2000 KVA) avec une capacité théorique de 115 unités par an, a nécessité la conclusion d’un partenariat international pour le transfert du savoir-faire. Après de nombreuses discussions avec des partenaires ayant manifesté un intérêt, c’est avec VIJAI (Inde) que ce partenariat est concrétisé en 2017. Ce partenariat prévoit la création d’une société conjointe avec un capital social réparti à : 45% pour Electro-industries, 15% pour SONELGAZ et 40% pour le partenaire étranger.
Outre le passage de la cuisinière ENIEM à l’émaillage en poudre en Octobre 2015, l’amélioration de l’efficience énergétique des produits de conservation de l’entreprise est une exigence pour renforcer sa position commerciale nationale et pénétrer les marchés externes. Pour ce faire, l’entreprise a opté pour le partenariat à l’international pour la mise à niveau du réfrigérateur ENIEM (classe énergétique A). Une partie du projet a été sous traitée avec un partenaire italien pour le savoir-faire ; l’autre partie a été réalisée par l’ENIEM pour l’économie de devises et pour dégager de la valeur ajoutée. Depuis son lancement sur le marché national en 2017, le réfrigérateur rénové ne semble pas améliorer les ventes de l’entreprise qui continue à connaitre des sur stockages. Actuellement, les activités du groupe SAIDAL sont déployées pour réaliser un objectif principal : conforter sa position de leader sur le marché national et viser un nouveau positionnement sur les marchés extérieurs avec une part plus active à l’exportation.
Dans cette voie, l’entreprise compte sur le développement du partenariat international pour acquérir de nouvelles technologies et élargir sa gamme de production vers des médicaments innovants. Les partenariats de SAIDAL sont noués avec des firmes pharmaceutiques de renommée mondiale (NOVO NORDISK, SANOFI AVENTIS, JULPHAR et autres) et recouvrent différentes formules : partenariat industriel et commercial, cession de licence et création de sociétés conjointes. Cette dernière porte entre autres sur le projet de lancement de la production d’insuline sous forme de cartouches et des médicaments anticancéreux sous forme solide et injectable. Par ailleurs, les trois entreprises se heurtent à des difficultés d’ordre économique dans le développement des exportations. En effet, le niveau des prix pratiqués par les trois entreprises est jugé non compétitif. Les responsables des entreprises enquêtées soulignent que cette situation est souvent provoquée par la variation à la hausse des consommations intermédiaires, induite par la hausse de certaines matières, aggravée par la hausse du cours de la devise, notamment, l’euro.
Notons que pour la fabrication de leurs produits, les trois entreprises dépendent de leurs approvisionnements en matières et composants. Dans ce sens, le rapport du conseil d’administration du groupe SAIDAL de 2019 indique que les importations représentent 81,52% du montant total des approvisionnements. Ce niveau non compétitif des prix, explique la baisse consistante des marges à la vente des transformateurs cédés par Electro-industries aux filiales du groupe SONELGAZ et aux distributeurs privés en raison de l’ouverture totale à la concurrence du marché du transformateur.
Par ailleurs, d’importantes contraintes organisationnelles compromettent la performance à l’exportation des trois entreprises enquêtées. D’abord, à l’exception de ces quatre dernières années durant lesquelles les trois entreprises connaissent des situations de méventes, se pose le problème de flexibilité de la production pour répondre aux délais de livraison.
De plus, les structures ainsi que les activités des trois entreprises ne sont pas assez déployées pour relever le défi d’un positionnement sur des marchés externes. Ce problème est partiellement pris en charge à SAIDAL où la récente réorganisation du groupe prévoyait la création d’un laboratoire de bioéquivalence et son inauguration en janvier 2016. Selon les responsables de l’entreprise, le recours aux études de bioéquivalence des produits fabriqués localement, permettra à l’Algérie de se positionner à l’interna