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COMMENTAIRE & CHRONIQUE

L’Homme avec un grand H

Chronique écrite par : Malek Harami

Omar Aktouf n’était pas un enseignant chercheur en management comme les autres.

Parce qu’à un moment donné, il s’est permis un regard critique sur la discipline qu’il enseignait. Non seulement sur les méthodes, mais sur la finalité même de la formation dispensée par les écoles de management et, partant, de la matrice idéologique qui est à la base de ses enseignements.

Dans son livre “Halte au gâchis ! en finir avec l’économie-management à l’américaine” paru en 2008, Aktouf critique sévèrement les écoles de management et leurs méthodes. En ce sens, qu’en plus de former des futurs “managers” sans réelle emprise sur la réalité de l’entreprise, ces écoles opèrent, à la base, un réel formatage chez les apprenants, pour installer définitivement l’idéologie ultra-libérale et ses dogmes érigés au rang de “sciences” en management.

En ce sens, Aktouf écrit : « Les écoles de gestion à l’américaine sont devenues des usines à formater des gestionnaires obsédés par les chiffres et déconnectés des réalités humaines et sociales. »

Résultat final : des petits monstres programmés pour faire du profit à tout prix.

Fermer une usine et renvoyer à la pauvreté des centaines de familles est une prouesse pour “le manager” tant que le capital en profite.

Détruire les forêts en Amazonie, polluer océans et les nappes phréatiques, ravager les récoltes, généraliser la famine en Afrique, provoquer des guerres partout dans le monde, … tout est bon pourvu les cours en bourse sont en hausse.

Le petit “manager”, imbu de son MBA, élu parmi les élus du système capitaliste financier est un “winner”. Lui, méprise des travailleurs, qu’il n’a jamais rencontrés. Pour lui, ces êtres inférieurs sont tout au plus des ressources à utiliser, quand ils ne sont pas des charges à réduire.

Il s’en fout de la nature, qu’il n’a jamais l’opportunité de vivre. De respirer, d’aimer.

Il est dans son rôle d’agent au service du capitalisme financier qui “dévore tout sur son passage, y compris l’humain” [Aktouf].

Mais l’apport le plus important de Omar Aktouf, c’est justement d’avoir proposé une alternative à ce qu’il appelle “l’économie- management” à l’américaine.

Il appelle à agir pour un changement radical dans les théories et les pratiques de l’économie et du management. Pour un management plus humain et responsable.

Il s’agit, en premier lieu de placer l’Homme au cœur de l’entreprise, en posant une nouvelle définition de l’entreprise comme étant, avant tout, une “organisation humaine”

Il s’agit, ensuite, de reconnaitre la singularité : Chaque individu est unique, avec son histoire, ses valeurs, ses compétences et ses motivations. Un management humain prend en compte cette diversité et cherche à valoriser les talents de chacun.

A partir de là, il s’agit d’accorder plus de confiance aux employés, leur donnant davantage d’autonomie dans leur travail et les responsabilisant quant à leurs actions et leurs résultats.

Ensuite, le management humain, selon Aktouf favorise la coopération en mettant l’accent sur la qualité des relations interpersonnelles, la collaboration, l’entraide et la création d’un environnement de travail positif et respectueux.

Je termine par une citation de Omar Aktouf.

« L’entreprise doit être avant tout une communauté humaine, un lieu d’épanouissement et de développement pour ceux qui la font vivre. »

Omar Aktouf a rempli sa part. Qu’il repose en paix.

A nous, de continuer à explorer sa pensée, et la répandre. Et à façonner un autre modèle de management. Viable et vivable, qui concilie les objectifs économiques de l’entreprise avec les aspirations et les besoins des Hommes.

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