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Loukal n’écarte pas le retour à la planche à billets

Devant l’absence d’alternatives

Devant la dégradation de la situation financière de notre pays, le gouvernement sera contraint de trouver de nouvelles alternatives afin d’alléger la pression sur le Trésor public, dont le déficit ne cesse de se creuser. 

D’ailleurs, pour l’année en cours, il est prévu un énorme déficit estimé à 2 436 milliards de DA à fin 2019, selon les chiffres officiels du ministère des Finances. Un taux qui reste plus ou moins difficile à mobiliser, en particulier, durant cette période marquée par l’instabilité des prix de pétrole qui varient entre 60 et 70 dollars/baril.     


Par Zahir R.

L’Algérie, qui refuse jusqu’à présent le recours à l’endettement extérieur pour combler ce déficit, n’écarte pas un retour imminent au financement non conventionnel suspendu depuis juin dernier. Néanmoins, c’est ce qui ressort des déclarations du premier argentier du pays, Mohamed Loukal, accordées à l’APS. Il a, en effet, déclaré que le recours à la planche à billets, dès la fin 2017, pour pallier les rétrécissements des liquidités bancaires, suite à la chute des cours du pétrole, a été «gelée» pour l’année 2019, mais restera un instrument de financement valable jusqu’à 2022. Pour lui, il (le financement non conventionnel) reste un levier important, mais non exclusif, de financement pour le Trésor public.

Rendu possible grâce à un amendement de la loi sur la monnaie et le crédit, autorisant le Trésor public à s’endetter directement auprès de la Banque d’Algérie (BA), le financement non conventionnel était programmé pour une période transitoire de cinq ans (2017-2022). Cette période devait voir la concrétisation de réformes structurelles importantes.

«Le gouvernement a décidé de satisfaire les besoins de financement de l’exercice 2019 sans recourir, de nouveau, au financement non conventionnel qui restera figé à son niveau de janvier 2019, soit à 6 553,2 milliards de DA, dont environ 5 500 milliards ont été injectés dans l’économie», a précisé M. Loukal. Les 1 000 milliards DA restants, mobilisés depuis le 18 janvier 2019, ajoute-t-il, seront destinés à financer une partie du déficit du Trésor de l’exercice en cours. La crise financière sévère, induite par un déclin drastique des prix pétroliers, s’était traduite par l’épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR), en février 2017, et l’enregistrement de 1 400 milliards de DA d’arriérés de paiement à fin 2017. Le déficit du Trésor avait atteint 1 590,28 mds de DA à la fin 2017 (8,5% du PIB).

En dépit de cette situation financière fragile, l’année 2017 a été marquée par le retour à l’expansion budgétaire due à la relance de la réalisation de projets socioéconomiques dans les secteurs de l’éducation, la santé et des ressources en eau.

«Cette situation s’est traduite par des tensions accrues sur la trésorerie de l’Etat faisant naître un besoin de financement conséquent, alors que le budget avait utilisé tous les instruments dont il pouvait disposer», a rappelé M. Loukal pour justifier le recours au financement non conventionnel en 2017.

Le ministre a, en outre, précisé que «le recours au financement extérieur ne constitue pas, à l’heure actuelle, une option prioritaire, mais il pourrait être envisagé pour assurer, de manière ciblée, le financement de projets structurants et rentables».

Et d’ajouter : «L’Algérie n’est pas sous la menace du FMI. Nous avons des réserves de change assez confortables, un endettement externe ne dépassant pas 1% du PIB et des sources alternatives qui nous permettent de continuer à assurer les dépenses de l’Etat sans aggraver le recours au financement non conventionnel».

Évoquant les réserves de change, le ministre a fait savoir que ces dernières continuent de s’effondrer. Elles ont, en effet, baissé de 7,28 milliards de dollars en quatre mois, passant de 79,88 milliards à la fin 2018 à 72,6 milliards. Ce niveau des réserves, dira-t-il, est relativement satisfaisant, équivaut à deux années d’importation. «Il nous permet une marge de manœuvre importante en matière de redressement de la situation financière», affirme-t-il. 

Toutefois, il est à souligner que si le gouvernement maintient la même cadence de dépenses dans le commerce extérieur, les réserves de change seront contractées de 20 milliards de dollars. En 2018, les réserves de change s’étaient contractées de 17,45 milliards de dollars par rapport à la fin 2017 (97,33 milliards). La loi de finances 2019 prévoit, pour la période 2019-2021, une baisse des réserves de change à 62 milliards en 2019, puis à 47,8 milliards en 2020 pour atteindre 33.8 milliards en 2021. Rappelons que le gouvernement a pris une série de mesures visant à la rationalisation des importations des biens, à travers leur limitation aux besoins réels du marché national, en attendant la généralisation de cette approche aux services. 

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