Par Arezki Louni
Alors que les manifestations de désapprobation des déclarations du président français sur les caricatures de Charlie Hebdo sur le prophète se poursuivent, et que les produits français sont boycottés dans la plupart des payas musulmans, Emmanuel Macron semble mettre de l’eau dans son vin.
En effet, dans un entretien accordé, hier à la chaîne qatarie Al-Jazeera, Macron rectifie le tir, atténuant ses propos. «Je comprends qu’on puisse être choqué par des caricatures, mais je n’accepterai jamais qu’on puisse justifier la violence. Nos libertés, nos droits, je considère que c’est notre vocation de les protéger», a déclaré le chef de l’Etat français. Et d’ajouter : «Je comprends les sentiments que cela éveille et je les respecte». «Mon rôle est d’apaiser la situation et mon rôle est aussi de protéger ces droits», a précisé le Président Macron. Voulant sans doute justifier ses déclarations ayant fait l’objet de polémiques, le président français indiquera : «Il y a des gens qui pervertissent l’islam et au nom de cette religion, tuent et les massacrent, et les musulmans sont leurs premières victimes», tout en rappelant que 80% des victimes de ces terroristes sont les musulmans. Selon lui, il y a des gens qui commettent des actes contre les autres uniquement parce qu’ils ne sont pas d’accord avec eux en matière de religion. «Il y a, aujourd’hui, en France, au moment où je vous parle, des gens qui commettent des actes contre des musulmans parce qu’ils sont des musulmans, contre des catholiques parce qu’ils sont des catholiques, contre les protestants parce qu’ils sont des protestants, et contre les juifs parce qu’ils sont des juifs», a expliqué le chef d’Etat français. Il convient de rappeler que lors des obsèques officielles de l’enseignant Samuel Paty, le chef de l’Etat français a lâché la phrase qui a fait l’effet de bombe chez la communauté musulmane en France. «Nous continuerons, professeur. Nous défendrons la liberté que vous enseigniez si bien et nous porterons la laïcité, nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent» avait martelé alors le chef de l’Elysée. S’en est suivi un large tollé et une grosse colère chez les musulmans du monde entier, dont un grand nombre de populations a appelé au boycott des produits français, au moment où même des leaders dans certaines démocraties occidentales, ainsi que des médias, ont à peine caché leur désapprobation, semblant reprocher à Macron une certaine démesure.
Aussi, le président français s‘est-il évertué aux micros d’al-Jazeera, aujourd’hui, à désamorcer ce que le milliard et demi de musulmans, considèrent, comme une bombe et une profonde offense à leur sacralité. Et de conclure que les réactions ont été construites sur «du mensonge» et «une interprétation erronée de mes propos, qui a laissé penser mon soutien aux caricatures en question», a-t-il indiqué.
