Par Arezki Louni
Le partenariat économique, entre l’Algérie et la France, la politique des subventions, l’usine Renault et le partenariat entre Saidal et Sanofi, ont été autant de dossiers économiques évoqués par le chef de l’Etat, M Abdelmadjid Tebboune, dans l’entretien accordé à l’hebdomadaire français «Le Point». Pour le président Tebboune, les relations « ne se construisent pas de souverain à suzerain, mais d’égal à égal ».
« Vous avez des intérêts que nous reconnaissons, que vous défendez, et nous avons des intérêts que nous devons défendre. Il faut sortir du mythe que les investisseurs français ont été malheureux en Algérie », a-t-il soutenu. Le président de la République a fait remarquer que les groupes français Renault, Legrand et Schneider, ont prospéré en Algérie, alors que Lafarge et Knauf ont même exporté. BNP, SG, Natexis, Crédit agricole et Air France, ont acquis des parts de marché aussi, a-t-il poursuivi, en rappelant que plus de 450 PME françaises sont présentes en Algérie. Evoquant le dossier de l’usine Peugeot en Algérie, M Tebboune a affirmé que cette question est en cours de maturation, alors que le partenariat entre Saidal et Sanofi Pasteur est en cours de concrétisation. « C’est (l’usine Peugeot) un dossier en maturation. Le mérite de Peugeot, c’est de ne pas avoir accepté de verser de pot-de-vin. Et pour cette raison, nous avons beaucoup de respect pour ce partenaire », a-t-il déclaré. Seulement, a fait constater M. Tebboune, l’usine projette une production de 76.000 véhicules/an, alors que l’Algérie consomme un minimum de 350.000 véhicules par an. Il a également rappelé, que l’Algérie projetait d’augmenter le taux d’intégration afférent à cette industrie, à 30-35 %. Le président Tebboune a, encore une fois, regretté le modèle appliqué auparavant en Algérie, où des kits (dans l’automobile et l’électroménager), importés pour être montés en Algérie, « ont couté à l’Etat 3,5 milliards de dollars, pour créer à peine 400 emplois ». Et d’ajouter : « Nous avons réussi à mettre sur le marché des voitures plus chères que les voitures importées! », s’est indigné M. Tebboune. Il a réitéré son appel aux investisseurs sérieux qui veulent investir dans la construction mécanique en respectant les cahiers de charges et en assurant le taux d’intégration requis. Pour ce qui est du partenariat entre Saidal et Sanofi Pasteur, le chef de l’Etat a noté que « 80% de l’activité de Sanofi en Afrique est réalisée en Algérie », assurant « qu’il n’y a pas de contentieux avec cet associé ». Le président de la République rassure les milieux d’affaires français, qu’il fera tout pour lever les obstacles bureaucratiques. « La situation (du climat des affaires Ndlr), n’est pas aussi catastrophique. Il y a des problèmes, des difficultés, peut-être aussi des blocages à cause de la bureaucratie, contre laquelle je lutterai avec toute mon énergie », a-t-il déclaré. Pour ce qui est de la règle 51-49% régissant l’investissement étranger, levée pour une bonne partie des secteurs et maintenue exclusivement pour les secteurs stratégiques, le président Tebboune a assuré, que cette règle, lorsqu’il s’agit d’investir dans les hydrocarbures, « ne gêne personne ». « Ajoutez à cela, un pays solvable non endetté et qui compte 45 millions de consommateurs », a-t-il soutenu. A une question relative aux conditions dans lesquelles activent le patronat algérien, M. Tebboune a répondu: « Nous avons déjà fait plus que le nécessaire pour les rassurer. Nous avons réuni, à deux reprises, les patrons algériens, nous avons pris des mesures dans les Lois de finances ». Maintenant, « s’ils (les patronats) ont des choses à se reprocher, je n’y suis pour rien. La justice a pris tout son temps pour juger ceux qui ont indûment touché à l’argent public, on n’accuse personne à la légère », a-t-il poursuivi. Enfin, abordant la situation sociale en Algérie, le président de la République a assuré, que l’Algérie demeurera un Etat social, parallèlement au projet en cours relatif à la réforme de la politique de subvention des produits de première nécessité. « L’Etat social reste un principe valable, pour les classes moyennes et démunies, mais les plus riches ne doivent plus être concernés par les subventions », rappelle le président Tebboune. En ce sens, le président de la République a fait savoir, que « le projet est en cours d’élaboration », et affirme qu’il attend l’élection des Assemblées (nationales et locales), pour entamer une réflexion nationale, notamment avec les syndicats, le Conseil national économique, social et environnemental et les élus. Une réflexion nationale sur la réforme des subventions étatiques, incluant notamment les syndicats, le CNESE et les élus, sera entamée après les élections législatives et locales, a indiqué le président de la République.