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Pour ou contre ?

Abdelkrim Boudjelal LEKKAM, enseignant universitaire 

La classification des régimes de change a subi depuis 1998 un changement important qui reflète la difficulté souvent rencontrée pour classer les pays sur la base des régimes de change pratiqués. Avant cette date la seule approche utilisée était basée sur la simple déclaration officielle faite par chaque pays auprès du FMI, d’une part et d’autre part, aucune vérification n’était prévue pour savoir dans quelle mesure ce régime déclaré coïncide ou non avec le comportement effectif des autorités en matière de régimes de change.

Cette constatation a suscité depuis, une multiplication des études économétriques et statistiques pour établir une classification, de facto, des régimes de change sur la base de maints critères. La classification officielle des régimes de change est basée sur les notifications données par le FMI à ses membres. Du 21 janvier 1974 au 1er octobre 1994, le taux de change du dinar était déterminé sur la base d’une relation fixe avec un panier de monnaies ajusté de temps à autre. Le 8er octobre 8@@;, la Banque d’Algérie instaurait un régime de flottement dirigé, en vertu duquel le taux du dinar était déterminé lors de séances quotidiennes de fixing auxquelles participaient six banques commerciales. En 1995, le régime de flottement dirigé a été mis en vigueur au moyen de séances de fixing entre la Banque d’Algérie et les banques commerciales. Un marché interbancaire des changes a été établi le 2 janvier 1996 pour permettre une libre détermination du taux de change. 

Au 22 décembre 2008, la moyenne des taux acheteur et vendeur du dollar EU était de 1 dollar pour 71,2 dinars, soit 1 DTS pour 109,9 dinars. Aucune marge n’est imposée sur les taux à l’achat et à la vente sur le marché des changes interbancaire, sauf pour les transactions en dollars, auxquelles s’applique une marge de 2,28> dinar entre les taux acheteur et vendeur de la Banque d’Algérie (dinar/dollar EU). Au 15 décembre 2011, la moyenne des taux acheteur et vendeur du dollar EU était de 1 dollar EU 74,6 dinars, soit 1 DTS pour 114,6 dinars.

Aucune marge n’est imposée sur les taux à l’achat ni à la vente sur le marché des changes interbancaire, sauf une marge de 0,017 dinar entre les taux acheteur et vendeur de la Banque d’Algérie pour le dinar et le dollar EU. 

Au 5 mai 2018, la moyenne des taux acheteur et vendeur du dollar américain était de 1 dollar pour 115,33 dinars, soit 1 DTS pour 8=< dinar entre les taux acheteur et vendeur de la Banque d’Algérie (dinar/dollar américain). 

En définitive, il convient de souligner que la Banque d’Algérie, dans son approche prudente et pragmatique de gestion du taux de change, a maintenu sa trajectoire en matière de politique de change inaugurée, à compter de juin 2016 : l’ajustement du cours du dinar n’ayant obéi, essentiellement, qu’à des fluctuations sur les marchés financiers internationaux des changes des monnaies de référence.

Le régime de change de jure est un flottement dirigé et le régime de change de facto entre dans la catégorie des autres régimes dirigés sans annonce préalable de la trajectoire du taux de change. L’Algérie utilise actuellement un régime de flottement dirigé sans annonce préalable de la trajectoire du taux de change. Le régime de change de l’Algérie est exempt de restrictions aux paiements et transferts afférents aux transactions internationales courantes.

L’étude, tant théorique qu’empirique, de la question du choix du régime de change nous a permis de déduire un enseignement capital. Il s’agit de la relativité de la notion d’optimalité d’un régime de change. Plus particulièrement, il n’y a pas de régime qui soit meilleur en tout lieu et en tout temps, ni d’évolution linéaire, sans retour en arrière, dans les régimes de change. Aucun modèle théorique permettant le choix au sein d’une palette complète de régimes n’admet de solutions extrêmes. Un manque de consensus sur ce qui constitue le meilleur régime de change caractérise le débat en la matière et la controverse y demeure considérable. Il est toutefois admis que le régime de change optimal dépend en général des caractéristiques structurelles de l’économie, de la nature et sources des chocs, de l’ampleur de l’ouverture et de la libéralisation économiques et financières et des préférences des décideurs politiques, etc. 

Des politiques monétaire et budgétaire adéquates demeurent nécessaires au bon fonctionnement de tout régime et l’optimalité n’y peut être jugée indépendamment. L’Algérie doit se servir d’un modèle spécifique où le choix du régime n’est qu’éclectique et pragmatique, ce qui pose la question de la gestion du flottement. 

En plus de l’expérience dans la gestion de change, le choix définitif d’un régime dans le cadre de l’Algérie nécessite la prise en compte de certains éléments relatifs à l’environnement international dans lequel elle cherche à s’insérer davantage, mais aussi à son propre situation économique. L’Algérie est en face d’un environnement économique envisageant des changements significatifs, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Beaucoup de ces changements ont d’importantes implications pour le choix du régime de change et sont probablement en train de rendre la défense de tout type d’ancrage difficile. 

Un régime de change autour d’un panier et admettant un degré de flexibilité à la monnaie nationale, en accord avec Williamson (1998, 2000), Dornbush et Park (1999) et Goldstein (2000)35, nous semble convenir le mieux. Il a la possibilité de se décliner sous différentes formes selon la situation du pays et les objectifs à atteindre. L’Algérie est un pays presque mono producteur et sûrement mono exportateur d’un produit dont les principaux partenaires restent largement dépendants. 

Il est donc compréhensible que l’ouverture ou la croissance étrangère, ne modifiant en rien la relation qui lie l’Algérie à ses partenaires, n’influencent pas la croissance nationale. Les autorités monétaires algériennes en adoptant la politique de flottement dirigé de la monnaie nationale, doivent assurer la stabilisation du taux de change réel du dinar à son niveau d’équilibre qui participe à la promotion d’un climat favorable à l’investissement, en mettant en œuvre des réformes monétaires dans le but d’aligner le taux de change officiel sur le taux de change informel ; autrement dit, réduire l’écart entre les deux taux, en fixant comme objectif l’extinction du marché non officiel d’une part et la stabilisation macro-économique d’autre part. Le résultat général qui ressort donc de ce papier est que la politique de change en Algérie reste toujours restrictive même si on parle d’un marché des changes pseudo-libéral à travers les mécanismes du marché interbancaire de change. Il apparaît à travers ce qui précède, la nécessité de prendre une série de recommandations et de solutions adaptées à la problématique: ∙ Le taux de change doit être relié aux principaux agrégats économiques à travers une libéralisation de plus en plus souple du secteur bancaire et financier. Les banques doivent jouer le rôle de «passerelle» en vue de la réussite de la politique monétaire ainsi que la politique de change. ∙ L’amélioration du secteur productif et de l’avantage comparatif sont des facteurs qui peuvent booster les exportations hors hydrocarbures et faire apprécier le dinar algérien. ∙ L’installation d’un marché des changes à terme dans les plus brefs délais par la Banque Centrale permettra une meilleure gestion du marché des changes et évitera les fortes spéculations dans le marché informel des changes. ∙ Le rapprochement entre la cotation parallèle et officielle permettra plus de stabilité et moins de volatilité du cours du dinar. ∙ Lutter contre le blanchiment d’argent permettra d’irradier le marché parallèle des changes. ∙ Seule la promotion d’un vrai marché boursier en Algérie permettra de drainer les capitaux étrangers et vraisemblablement une meilleure gestion du risque de change.

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