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Pour ou contre ? 

Abdelkrim Boudjelal LEKKAM, enseignant universitaire 

Le choix du régime de change fait l’objet d’un vieux débat en économie internationale et y demeure un important et controversé domaine de recherche qui suscite une grande attention. Deux phases principales nous semblent le caractériser. La première porte sur la politique de change compatible avec le cadre d’une économie ouverte et qui a marqué les années 1950 et 1960 [Fridman (1953); Mundell (1961); Mckinnon (1963) ; Kindleberg (1970)]. La deuxième inaugure la chute du système de Bretton Woods qui s’est focalisée davantage depuis, sur les régimes de change les plus appropriés aux Pays En Développement (PED). 

Les raisons sont doublement fondées, notent Aghevli, Khan, Montiel (1991). Il s’agit, en premier lieu, de maintenir la compétitivité internationale ainsi que d’assurer une balance des paiements viable, en second lieu, d’ancrer les prix intérieurs à travers l’utilisation des taux de change stable. En effet, le choix d’un régime de change dépend des caractéristiques structurelles de l’économie, de la nature et des sources des chocs auxquels elle est confrontée, des préférences des décideurs politiques.

Or, J. Frankel (1999) affirme qu’aucun régime de change n’est meilleur pour tous les pays et, pour un pays donné aucun régime de change n’est meilleur à tous les temps. En fait, cette citation n’est pas une affirmation corollaire aux enseignements de la théorie des impossibilités de Mundell, mais un précepte qui traduit un constat établissant une instabilité des conditions économiques structurelles et conjoncturelles dans le temps et l’espace et qui remettent systématiquement en question les choix des régimes de change.

Comme tous les pays en développement ou émergents cherchant en permanence une stabilité macroéconomique nécessaire pour les échanges et l’investissement, le choix d’un régime de change par les autorités algérienne se repose à chaque problème ou crise, mettant en péril la bonne marche du régime de change adopté. Il s’agit de la principale raison pour laquelle l’Algérie a dû laisser son régime de change évoluer en fonction de sa situation macroéconomique et en se basant sur plusieurs indicateurs mesurant la stabilité.

La transition des régimes de change était censée répondre à certaines attentes au niveau des performances économiques. Ce changement d’attitude de l’Algérie semble s’être développé sous l’impulsion du Fonds Monétaires International (FMI). 

Tous les pays ayant adopté des taux de change flottants dans les années ? L’ont fait dans le cadre des programmes financiers soutenus par celui-ci et partant d’une position d’extrême faiblesse, comme des sévères difficultés de paiement et des marchés informels de devises. Quelles sont les raisons économiques de l’évolution des régimes de change de l’Algérie ? Faut-il choisir un régime fixe ou flottant ou une solution intermédiaire ? Quels sont les facteurs qui influencent le choix du régime de change ? Pour ou contre, les régimes de change adoptés par l’Algérie ? 

Quelles sont les implications macroéconomiques des régimes de change adoptés par l’Algérie sur la stabilité macroéconomique ? Autant d’interrogations légitimes dans le cadre d’une vision à long terme de l’économie algérienne, auxquelles nous essaierons d’avancer quelques éléments de réponse. Le présent papier a pour objet d’étudier et d’analyser la question du choix du régime de change adopté par l’Algérie. 

Toutefois, nous commencerons par examiner les arguments pour et contre les régimes de change (change fixe et change flottant). Nous nous intéresserons après au régime de change actuel de l’Algérie (le flottement dirigé), tout en exposant d’un côté, les raisons de l’évolution des régimes de change de l’Algérie et, de l’autre côté, ses implications macroéconomiques et leurs impact sur la crédibilité et la compétitivité.

Les arguments pour et contre les régimes de change 

Un régime de change est l’ensemble des règles qui déterminent l’intervention des autorités monétaire sur le marché des changes, et donc le comportement du taux de change (Lahreche et Révil, 1999). Nous distinguons traditionnellement deux types de régimes de taux de change : régimes de change fixe et régimes de change flottant. Les développements théoriques et les pratiques récentes ont amené à considérer un troisième type : régimes de change intermédiaires.

Le choix d’un régime de change approprié a souvent accompagné l’évolution de l’économie et de la finance internationales. Concrètement, aussi bien pour les pays développés que pour les pays émergents et en développement, le choix d’un régime de change se repose à chaque crise monétaire majeure mettant en péril le bon fonctionnement du régime adopté. En effet, le régime de taux de change que choisit un gouvernement peut avoir des conséquences importantes pour l’ensemble de l’économie. S’il opte pour un régime convenablement structuré, le pays bénéficiera d’une stabilité accrue, car le taux de change est l’indicateur qui permet de diriger les flux de capitaux internationaux vers les utilisations les plus productives. S’il choisit un régime mal adapté à ses besoins, il peut y avoir instabilité ainsi que crise monétaire et crise financière généralisée. 

Le choix d’un régime de taux de change approprié demeure donc une question de politique difficile, mais il vaut la peine de répéter que tout régime peut être compromis par des politiques monétaires et budgétaires malavisées. Nous pouvons dégager certaines généralités (il n’existe pas de régime de taux de change idéal qui conviendrait à tous les pays à toutes les époques ; les grands pays devraient adopter un taux flottant et les petits pays à économie ouverte devraient choisir un taux fixe), mais même les règles ne sont pas coulées dans le béton.

Il importe d’examiner à la loupe les avantages et les inconvénients de chaque régime et de tenir compte des coûts de transition à un nouveau régime de taux de change. 

Les arguments favorables et défavorables au change fixe 

Dans un système de changes fixes, la monnaie nationale de chaque pays membre est définie par rapport à un étalon (or ou devise clé). Cette définition constitue la parité officielle de la monnaie. Le rapport des parités officielles donne la parité bilatérale des monnaies prises deux à deux. Le système est dit de changes fixes, dans la mesure où le cours du change qui résulte du jeu du marché ne s’éloigne que faiblement de la parité officielle et donc des parités bilatérales. Cette stabilité des cours du change peut résulter d’un mécanisme automatique (étalon-or) ou d’interventions discrétionnaires des banques centrales sur le marché des changes. La banque centrale s’engage à maintenir la parité de sa monnaie à un niveau fixe selon des règles préalablement définies.

Les arguments en faveur des taux de change fixes 

Selon ses partisans, le plus souvent des keynésiens interventionnistes, les régimes fixes ont trois qualités principales : 1. ceux-ci imposent aux autorités publiques une discipline monétaire et une coordination des politiques conjoncturelles, sans lesquelles les parités ne pourraient être maintenues ; 2. ils stimulent le développement des échanges internationaux, en éliminant le risque de change. En supprimant la volatilité des taux de change qui obscurcit l’horizon décisionnel, ils instaurent en quelque sorte un climat de confiance au sein de la communauté économique. Encore faudrait-il établir de façon incontestable une relation entre l’accroissement du risque et la contraction de l’activité économique ; 3. ils favorisent une « culture économique et politique de la coopération internationale », dans la mesure où les changements de parité nécessitent l’accord des pays participants.

A contrario, ses détracteurs font valoir un certain nombre de critiques : 1er. Ils dénoncent la perte d’autonomie de la politique monétaire, et donc sa mise au rancart en tant qu’instrument de guidage. Il est facile de voir cela à partir de la loi de la parité non couverte des taux d’intérêt, adaptée à la situation des changes fixes.

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