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Pourquoi viser le 100 % EnR en Algérie ?

Partant du principe qu’il est nécessaire de disposer d’énergie et dans la mesure où la nature vous a doté d’énergie avec des réserves finies et aussi d’énergie à caractère infini à des coûts qui se concurrencent au profit de l’énergie à caractère infini, avec la possibilité d’exporter l’une comme l’autre, quel serait votre choix ? L’Algérie se doit d’opter pour le renouvelable. Il faut savoir que l’Algérie avait engagé un programme de développement des énergies renouvelables à partir de 2003 (UNECA 2011). Toutefois, comme cela est mentionné en introduction, le programme lancé par NEAL, société de droit commercial en charge du développement des ENR, avec trois centrales hybrides de 300 MW chacune avait été accueillie favorablement par le GEF, à savoir le fonds pour le climat géré par la Banque mondiale qui avait accordé un crédit concessionnel de 160 millions de dollars (Banque mondiale 2011). Ces fonds ont servi de levier pour financer tout le programme. Cependant, le lobby pétrolier a été suffisamment puissant pour amener le gouvernement de l’époque à refuser ce financement. Aujourd’hui, la volonté politique est favorable. Il nous faut, donc, nous intégrer dans un processus qui puisse attirer des investisseurs étrangers, un processus qui cerne les freins existants au développement des ENR, un processus qui respecte la dimension sociale. 

 

Atténuer les effets du changement climatique 

 

Le premier objectif pour s’inscrire dans le développement durable serait de respecter les engagements du pays conformément aux actes de la COP 21. Ceci ne peut se faire que par une bonne gouvernance qui est de toute façon exigée dans la communication des bilans à transmettre. La sécurité énergétique est perçue à travers le prisme du modèle de consommation énergétique. Cela consiste à assurer au pays un approvisionnement énergétique qui couvre tous les besoins jusqu’à l’horizon 2050. Ce modèle intégrera bien sûr les besoins rationnels énergétiques des différents secteurs économiques. Par rationnel, on entend des besoins normalisés, c’est-à-dire le fait d’arrêter le gaspillage des ménages. Il faut y inclure les besoins des nouveaux axes de développement en dehors des hydrocarbures ainsi que la croissance démographique qui dépasse les 2 %. L’usage énergétique pour l’Algérie serait de 20 % en électricité et donc de 80 % en chaleur. La sécurité énergétique implique donc une production énergétique adaptée. La décision politique de réduire la part de l’usage thermique pour consacrer près de 80 % à l’électricité dans le choix des filières technologiques n’est pas conséquente. En effet, la priorité est donnée au seul photovoltaïque. Le solaire thermique a été interdit par décret ministériel. Il n’y a plus de résilience du système énergétique avec la fin du gaz conventionnel. 

 

Faire bénéficier l’économie locale et créer des emplois 

 

Il est bien compris que le fait de s’inscrire dans le développement durable permet de satisfaire la concrétisation du pilier essentiel qui est celui de la dimension sociale. La création d’emplois dans les industries des ENR est une réalité. Les choix technologiques sont importants. La potentialité de création d’emplois n’est, cependant, pas uniforme. Il serait illusoire par exemple de croire que la fabrication des cellules photovoltaïques est une solution. Il a été démontré qu’en fait la création d’emplois dans la chaine de valeur du photovoltaïque (PV) ne représente que 18 % pour la fabrication des cellules. 

 

Stimuler le développement social et la participation locale

 

Avec plus de 2 millions de km², l’Algérie est très étendue. Ses ressources naturelles sont principalement localisées dans le Sud, alors que c’est la population du Nord qui représente plus de 90 % qui en profite. La centralisation de la décision économique a étouffé toutes les initiatives locales. Il s’agit à présent d’intégrer dans la vision de développement, la levée des contraintes administratives existantes. Elles sont la source de la corruption. Il faudrait penser le développement local sous forme de zones franches. La bonne gouvernance impliquera que le modèle de développement sera du type block chain adossé à une crypto-monnaie. L’administration se limitera à la sécurité du site. Les décisions d’investir seraient locales. L’orientation technico-économique sera, cependant, préalablement définie. Elle devra respecter la souveraineté du pays et s’inscrira parmi les priorités liées aux quatre sécurités mentionnées ci-dessus. 

 

Réduire la pollution et améliorer la santé humaine 

 

Il faut à présent prendre ses responsabilités pour créer des services et donc des emplois autour des actions de protection de l’environnement, telles que le tri sélectif, le traitement des déchets, le recyclage généralisé. En effet, en matière de recyclage des matières et matériaux pour l’Algérie, un grand pays doté de ressources, le recyclage des déchets organiques qui devient ingérable au Nord devrait être résolu. En effet, on peut imaginer la réalisation de voies ferrées électriques du Nord au Sud. Les déchets organiques du Nord seraient transportés par train vers le Sud pour l’emblavement des terres destinées à l’agriculture saharienne. Au retour, il ramènerait du sable, une ressource rare au Nord pour la construction. L’électrification du transport est une chose aisée pour un pays doté du plus important potentiel solaire. La Covid-19 nous a démontré les résultats de la diminution de l’utilisation de voitures à combustion interne. La construction des infrastructures et des véhicules électriques est à portée de la main d’œuvre algérienne.

Tewfik Hasni, Redouane Malek

 et Nazim Zouioueche janvier 2021

 

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