Par Arezki Louni
Quel plan de riposte pour contrer les attaques informatiques de hackers marocains qui, depuis quelques mois, s’acharnent contre l’Algérie ? C’est le casse-tête chinois auquel sont confrontées les autorités algériennes qui craignent que ces attaques s’étendent à des sites stratégiques.
C’est dans ce contexte qu’une journée d’études portant sur la guerre de l’information «info-guerre» et la campagne de déstabilisation de l’Algérie via les réseaux sociaux a été organisée, avant-hier, par l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG). Le directeur général de l’institut, Abdelaziz Medjahed, qui a procédé à l’ouverture officielle des travaux de cette rencontre, a appelé les participants à dégager des recommandations à même de participer à la conception d’une stratégie de riposte. Selon la note conceptuelle de cette rencontre scientifique «de nombreux pays sont menacés par l’info guerre», qui a mobilisé de nombreux outils, à l’instar des fake news, la manipulation via les réseaux sociaux numériques (RSN), la mobilisation de relais d’influence externe, l’utilisation massive des RSN pour contourner les médias traditionnels afin d’impacter une audience plus importante. «L’Algérie, depuis plusieurs mois, fait face à une véritable campagne de déstabilisation via les RSN et le risque est grand de voir cette entreprise réussir», avertit M. Medjahed. Afin de répondre à cette problématique, les participants ont abordé des thématiques d’actualité relatives, notamment, à l’état des lieux du paysage médiatique algérien, aux stratégies médiatiques en temps de crise, aux principaux dangers de la cybersécurité en Algérie et aux enjeux de la communication institutionnelle dans la gestion de crise. Il sera question, également, de traiter, durant les deux jours de cette rencontre, les côtés, théorique et conceptuel, de l’info-guerre, de la guerre de quatrième génération, du soft power, des guerres cybernétiques et la guerre économique. Il convient de rappeler que le ministère de la Santé a fait l’objet de deux opérations de piratage successives les mois de mai et octobre 2020. Des opérations attribuées à des hackers marocains. Une thèse confortée par le célèbre hacker américain, Chris Coleman, qui a révélé au mois de décembre dernier un plan malveillant ourdi par le Makhzen en filigrane française dans l’objectif de diffamer les pays voisins et entamer leur stabilité. Le Maroc a mis en place une stratégie «malveillante» visant à noircir l’image de l’Algérie, en ce sens que les renseignements marocains font passer une entreprise française, qu’ils ont créée, pour une couverture permettant d’exécuter leurs objectifs, poursuit le cracker. Pour réussir leur entreprise de déstabilisation, les renseignements marocains ont eu recours à «l’argent et à d’autres moyens». Selon Chris Coleman, le plan du Makhzen tend à créer une société écran en France, avant d’opter pour une entreprise de communication et institution, dont le siège se situe à 105 boulevard Haussman à Paris, présidée par Olivier Le Picard et Gaetan de Royer. L’entreprise en question est censée être orientée vers la prestation de services en communication, or elle travaille, finalement, pour le compte des renseignements marocains et s’adonne aux fake news et à la propagande. Le hacker américain a indiqué que «les responsables de cette société sont, depuis 2005, sous les ordres des renseignements extérieurs marocains, dans le cadre d’un contrat intitulé +programme de communication institutionnelle entre la France et le Royaume du Maroc+». Par ailleurs, parmi les sites piratés, on doit citer celui de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures algérienne «Alnaft». Cette attaque a été revendiquée par les hackers marocains qui se son affichés sous le nom de «morocco hack team neige ma». Sur le page du site piraté de l’Alnaft, dont l’accès est bloqué, il est écrit : «hacké par morocco hack team neige ma. vive l’empire de Maroc : notre histoire parle de nous. La Mauritanie et l’Algérie fon partie de nous». Cette attaque intervient à cause de la position de l’Algérie concernant la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël ainsi que la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara occidental. Par ailleurs, un hacker algérien de nom de «Ismail man54» avait affirmé avoir piraté le site internet de la direction générale de la sécurité nationale (DGSN) du Maroc. Au moment où la sécurité des organismes et institutions officiels présentent des failles, l’Algérie doit s’atteler dès à présent à mettre en conformité sa sécurité informatique, pour éviter le pire.
