Regard socio-démographique

PAR CHERIF ASSIA: Professeur à l’ENSSE
L’analyse de l’entrepreneuriat féminin en Algérie est liée à l’analyse du marché de travail d’une manière générale, de la place de la femme au sein de la société, ainsi que la promotion de la condition féminine en tant que personne, et en tant que citoyen.
Après l’indépendance, le statut de la femme a changé, en commençant par l’investissement de l’Etat dans l’école en intégrant et formant les jeunes filles, avec la scolarisation massive des filles, le travail est le paramètre essentiel du changement social, est devenu une question majeure au cœur de l’agenda politique en Algérie, une réelle volonté des autorités d’insérer la femme dans la vie active, mais aussi une implication dans les activités économiques créatives de richesse dont elles étaient souvent exclues, c’est la naissance de l’esprit d’entreprise chez les femmes qui influe directement sur le marché de travail féminin, les changements observés dans le concept du travail féminin traduisent les changements de la condition féminine, et de son statut dans une société et une famille dont la structure est en pleine mutation. Selon le registre de commerce, les entrepreneurs femmes, se situent à 6%, ce taux a doublé par rapport à 2005, mais reste insuffisant compte tenu de la mise en place de différents dispositifs tels que : ANSEJ, ANGEM, CNAC… . A travers ces dispositifs d’aide à la création des petites et moyennes entreprises beaucoup de femmes ont réussi à passer du statut de chômeur à celui de chef d’entreprise, la gent féminine n’est pas restée en marge. L’étude de la femme entrepreneur constitue un champ d’investigation et de recherche émergent. Convaincu de l’ampleur du rôle de l’entreprenariat féminin en Algérie, et soucieux en qualité de chercheur du manque d’études empiriques et de données statistiques sur les femmes entrepreneurs, au sein de l’économie Algérienne, qui reste généralement globale et mal cerné, notre contribution consiste à travers des réponses aux questions suivantes :
Quelles sont les changements de la condition féminine, et de son statut dans la société Algérienne dont la structure est en plein mutation ?
Quelle place pour l’entreprenariat féminin dans la société Algérienne ?
Quelles sont les caractéristiques sociodémographiques des femmes chefs d’entreprise en Algérie à travers, les différents dispositifs « ANSEJ, ANGEM, CNAC… » ?
L’objectif principal de cette contribution est de : 1. Connaitre les différents changements de la condition féminine, et de leurs statuts au sein de la société. 2. Mettre en lumière le contexte de l’émergence du travail des femmes Algériennes dans le secteur de l’entreprenariat. 3. Contribuer à faire évaluer la réflexion sur le processus entrepreneurial et le processus du développement du travail féminin en Algérie. 4. Formuler des propositions de nature à contribuer à amorcer la connexion entre le monde de l’entreprise et le travail des femmes, la condition féminine et les rapports sociaux de sexe. 5. Identifier de nouvelles pistes de recherche non investies par les chercheurs. A cet effet nous allons, explorer plusieurs sources de données officielles (ONS, ANDI, ANSEJ, ANGEM…) Ce sont la, quelques interrogations aux quelles cette communication tentera de donner des réponses en abordant les différents défis que la femme Algérienne a relevé, et ce qui lui reste encore à relever, ainsi mettre à la lumière le contexte de l’émergence de l’entrepreneuriat féminin en Algérie, et les différents mécanismes d’aide à l’emploi dans l’optique d’améliorer et d’assurer une parité des sexes en matière d’accès au développement durable. Afin d’élucider ces points cruciaux, nous nous proposons d’examiner les points suivants : Introduction 1. Condition féminine : éclairage dans le temps. 2. Evolution de l’emploi en Algérie. 3. Contribution de la femme entrepreneur dans la relance des activités productives en Algérie.
3 -1 – Le dispositif CNAC et quantification de la femme entrepreneur. 3-2 – Le dispositif ANSEJ et quantification de la femme entrepreneur 3-3– Le dispositif ANGEM et quantification de la femme entrepreneur. 3-4 –LE dispositif ANDI et quantification de la femme entrepreneur. 4. Promotion de la femme dans l’économie verte en Algérie.
Condition féminine, éclairage dans le temps
Les questions liées à la femme ont été rendu visibles, et ont suscité un élément majeur dans l’agenda politique, suite au sommet du Caire 1994, de Pékin 1995, et du millénaire regroupant les chefs d Etats à New York 2000,le sommet des chefs d’Etats membres de l’union africaine tenu à Addis Abeba en juillet 2004, le but de ces rencontres était essentiellement de renforcer la position de la femme, et de favoriser sa participation aux plans social, politique, et économique, tout en réaffirmant leur attachement aux principes des droits de l’homme, dont les droits de la femme sont partie intégrante. La femme Algérienne a vu ses droits consacrés des l’aube de l’indépendance, alors que dans de nombreux pays, les femmes ont attendu des décennies pour conquérir leur égalité citoyenne.
Conformément aux dispositions constitutionnelles la législation du travail bannit toute forme de discrimination liée au sexe, la loi no 66-133 du 2 juin 1966 portant statut général de la fonction publique dans son article 05 interdit toute distinction entre les deux sexes sur le plan du travail sans réserves des conditions d’aptitudes ou de sujétions particulière à certains emplois, ainsi que l’article 55 de la constitution montre que tous les citoyens bénéficient du droit au travail sans discrimination.
Dans de nombreux pays développés, l’égalité des salaires entre les travailleurs et les travailleuses demeure encore un objectif à réaliser, en Algérie c’était un droit acquis par la femme Algérienne dès la restauration de notre souveraineté nationale. Les articles de la constitution de 1996 énoncent le principe d’égalité entre les citoyens, et leur garantie les mêmes droits dans tous les domaines1 Aucune disposition législative n’interdit la participation de la femme à la vie politique du pays, le droit de voter et d’être élu est garanti à la femme comme le montre l’ordonnance no 97-07 du 6 mars 1997 portant loi organique relative au régime électoral fixe, les conditions pour être électeur, et ne fait aucune distinction entre la femme et l’homme (Ministère délégué chargé de la famille, et de la condition féminine, sans année, p8).
L’Etat veille également à l’accès égal à l’enseignement et à la formation professionnelle, ainsi que l’égalité des sexes en matière d’éducation est garantie par les textes fondamentaux de la République Algérienne Démocratique Populaire2 La femme Algérienne jouit de ses droits sans discrimination, un progrès notable a été enregistré dans le domaine de la scolarisation des filles, et dans le domaine de la lutte contre l’analphabétisme qui touche la tranche d’âge de plus de quarante ans, on trouve au premier rang l’association « IKRAA ». Il est important de relever, que l’Algérie a ratifié de nombreuses conventions visant l’élimination de l’exploitation à des fins lucratives des femmes et des enfants, l’esclavage, l’asservissement et le travail forcé. L’Algérie a déployé des efforts afin d’atteindre les objectifs retenus lors de l’assemblée générale des Nations Unies en 1999, ainsi que les objectifs de développement fixé lors du sommet du millénaire tenu en septembre 2000, concernant notamment la protection et la promotion des droits fondamentaux des femmes en vue de l’élimination des inégalité entre les sexes au plan culturel, économique et social.