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Réponse aux Membres des Fondations Emir Abdelkader d’Alger et d’Oran : Un appel à l’unité et à la vérité historique

La commémoration du 142ᵉ anniversaire de la mort de l’Emir Abdelkader : une cérémonie pour honorer la mémoire d’un héros national.

Une cérémonie solennelle se tiendra le vendredi 23 mai 2025 à 11 heures devant le Carré des Martyrs de la Révolution, au cœur du Cimetière d’El-Alia à El-Mohammadia (Alger).

Chers Messieurs les Membres des Bureaux des Deux Fondations Emir Abdelkader (Alger et Oran),

En ma qualité de membre fondateur ayant œuvré aux côtés de Feu Boutaleb (qu’Allah lui accorde Sa miséricorde) et de M’hamed Farhat, premier président (qu’Allah lui accorde Sa miséricorde), je m’adresse à vous avec un sentiment d’urgence et de responsabilité. Rappelons que c’est dans la maison de ce dernier que nous avons rédigé, Mokhtar Hamdadou et moi, les textes fondateurs de la Fondation Emir Abdelkader.

Depuis plus de quinze ans, une dispute familiale divise nos deux fondations, effaçant progressivement l’héritage des membres fondateurs. Aujourd’hui, aucun d’entre nous ne siège plus dans vos instances, et cette absence fragilise notre mission commune : préserver la mémoire de l’Émir Abdelkader dans son intégrité.

Sur le terme « reddition » : un malentendu historique à dissiper

Lors d’une rencontre à Misserghin avec Dr Chamyl, un membre m’a interrogé sur l’emploi du mot « reddition » pour décrire l’acte de 1847. J’ai expliqué que cette terminologie, souvent imposée par le récit colonial, trahit la réalité. L’Émir ne s’est pas « rendu » ; il a négocié un « armistice » avec la France, fondé sur des promesses spécifiques : un exil digne vers Alexandrie ou Saint-Jean-d’Acre et l’arrêt des hostilités. Ma réponse ne l’a pas satisfait, mais j’insiste : utiliser le mot « reddition » reviendrait à valider une narration erronée. La violation de ces accords par la France – illustrée par l’emprisonnement ignoble à Amboise – relève d’une « trahison préméditée, non d’une capitulation».

“ Les chiffres avancés (50 000 combattants marocains plus 110 000 Français) ont encerclé 1000 combattants de l’Emir , ne doivent pas occulter l’asymétrie des forces ni le contexte de l’époque. L’Émir, entouré de civils épuisés, a choisi la préservation des vies plutôt qu’un combat suicidaire. Ce choix stratégique, loin d’être une faiblesse, révèle sa profonde humanité.

« Mon lien avec l’histoire : une légitimité ancrée dans le sang des martyrs »

Je tiens à rappeler que je suis le petit-fils de Bouziane Benamara, martyr de la Bataille de La Macta (28 juin 1835), tombé aux côtés de Khalifa Ben Mahmoud, l’Agha des Gherrabas. Mon grand-père, Hadj Ali ould Bouziane ould Benamara, fut lui-même nommé Khalifa par l’Émir, preuve d’une loyauté indéfectible. Lorsque Marouf Boumedienne met en doute ma foi ou mon engagement, il ignore que ma famille a payé le prix du sang lors de la résistance de l’Emir, de la guerre d’indépendance de 1954 et de la décennie noire. Nos racines historiques nous imposent de défendre la vérité, sans concession.

« La duplicité coloniale : une leçon pour aujourd’hui »

Le Traité de la Tafna (1837) et l’armistice de 1847 partagent un même destin : « la parole française bafouée ». La France coloniale a systématiquement utilisé les traités comme des pièges, une stratégie de domination que l’Émir avait démasquée. La captivité à Amboise, où deux de ses filles périrent, est un crime colonial qui doit être reconnu, non édulcoré.

« Un appel à l’unité des Fondations »

Au lieu de nous diviser sur des querelles familiales, unissons-nous pour exiger :

1. « La rectification sémantique »: Remplacer « reddition » par « armistice trahi » dans tous les supports historiques.

2. « La reconnaissance officielle » par la France de sa trahison de 1847.

3. . « La valorisation des écrits de l’Émir », notamment ses lettres condamnant les manipulations coloniales post-1847.

L’Émir Abdelkader n’appartient ni à Alger ni à Oran – il est un symbole national et universel. Son héritage soufi, son refus de ployer devant Napoléon III, et son sauvetage des chrétiens de Damas en 1860 doivent nous inspirer à transcender nos divisions.

Je vous invite à relire les travaux d’Abdelkader Reguig sur la Bataille de La Macta et les correspondances de l’Émir. Comme l’écrivait Charles-André Julien, l’histoire de l’Émir est « un miroir de la résistance et de la dignité ». Ne laissons pas ce miroir se briser sous les coups de nos désaccords.

Avec respect et détermination,

Abdelkader Reguig

Président de l’Ordre des Ingénieurs Experts Arabes (ORAREXE), Genève (Suisse)

« Petit-fils de Bouziane Benamara, martyr de La Macta »

Références :

– Abdelkader Reguig, « La Bataille de La M’acta» .La Patrienews, 26 juin 2024.

– Charles-André Julien, « Histoire de l’Algérie contemporaine 1827-1871 », PUF, 1979.

– Archives sur la captivité d’Amboise, correspondances de l’Émir.

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