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S’adapter pour mieux réussir

Noureddine Nedri, directeur général de l’ANDT

Le directeur général de l’Agence nationale de développement du tourisme, gérée par Noureddine Nedri, a accepté de répondre à nos questions. Dans son bureau situé à Alger où il nous a reçus, M. Nedri a dressé un tableau complet sur le développement du secteur du tourisme dans notre pays, ainsi que sur les activités de l’Agence dont il assure la gestion. Dans cet entretien, M. Nedri s’exprime à bâtons rompus sur les questions de l’heure, les réalisations, les obstacles auxquels fait face le tourisme, la question du foncier, ainsi que le nouveau plan d’aménagement et du développement du secteur dont on dit qu’il est pourvoyeur d’emplois et générateur de devise dont le pays a tant besoin. Bref, un état des lieux qu’il nous livre sans complaisance.

LCA : L’ANDT est un organisme chargé de développer le secteur du tourisme. Quelles sont les nouvelles stratégies que vous avez mises en place pour renforcer le secteur du tourisme ?

Noureddine Nedri : Les nouvelles stratégies de l’Agence s’appuient sur la mise en œuvre de la politique nationale initiée en 2008 et qui repose sur le schéma directeur d’aménagement touristique dans notre pays. Durant ces dix dernières années, nous avons élaboré une stratégie visant à mettre en valeur la destination touristique Algérie. Nous avons également mis en place tout un programme d’investissement privé qui favorise le partenariat sur le plan financier. Aujourd’hui, tout un programme de développement du secteur a été mis sur pied. Celui-ci repose sur cinq axes arrêtés par les pouvoirs publics. Le ministère du Tourisme a été chargé d’exécuter ce programme de développement. Ce sont des perspectives ponctuelles, elles consistent à examiner de très près tout ce qui est en train d’être concrétisé, soit à travers la croissance, ou alors la mise en place des moyens humains et matériels pour accélérer le développement et l’investissement dans ce secteur qui est très stratégique. Nous avons été instruits par les pouvoirs publics à gérer tout un programme d’aménagement du foncier touristique, c’est une stratégie très dynamique, très opérationnelle, qui consiste à adopter une vision macroéconomique pour s’inscrire ensuite dans une vision très rigoureuse plus détaillée, c’est à dire une vision microscopique du schéma directeur. Nous pouvons affirmer, qu’actuellement, nous sommes dans la phase d’application très stricte du schéma d’aménagement, c’est à dire et pour être plus explicite, nous sommes en train de permettre l’accès au foncier et aussi de parfaire les nouveaux circuits touristiques à l’échelle nationale tout en privilégiant un certain nombre d’aspects techniques qui respectent les valeurs sociales et culturelles de la société algérienne qui demeure notre premier client de notre secteur. La priorité va aussi vers la nécessité de développer le partenariat entre les operateurs privés et publics. Ce partenariat est déjà très concret sur le terrain. Nous avons donné, dans un premier

temps, le partenariat à caractère social, c’est à dire la signature de convention avec les partenaires sociaux des entreprises, c’est le cas avec l’UGTA et d’autres fédérations. Notre objectif est de satisfaire la demande locale qui est très importante tout en proposant à nos consommateurs des offres concurrentielles en matière de prix et surtout de la qualité.

Le tourisme est un challenge que se fixent les pouvoirs publics. Comment réussir à faire émerger ce secteur de son marasme pour le propulser comme pilier de l’économie hors hydrocarbures ? Quel regard portez-vous sur ce secteur ?

Nous pouvons affirmer que depuis ces trois dernières années, le PIB du secteur du tourisme a connu une amélioration très appréciable. Les chiffres affichés par notre secteur indiquent une évolution du PIB qui était de 1%. Il est passé à 2,5%, ce qui veut dire que nous enregistrons une croissance réelle. C’est à mon sens, le fruit des efforts consentis durant ces dix dernières années en matière de développement du secteur. Ces résultats positifs illustrent la volonté politique de le dynamiser en le rendant plus attractif, et ce, en associant les investisseurs privés les encourageant à la construction de nouveaux hôtels et structures d’accueil, qui peuvent satisfaire la demande nationale en matière d’hébergement de nos touristes. Aujourd’hui, nous enregistrons une hausse importante de la demande d’investissement, ce qui se répercute très favorablement sur l’emploi et les recettes fiscales. Il faut aussi savoir que grâce à la mise en place de cette politique et surtout à cette volonté de développer le secteur, nous enregistrons une demande très forte en matière de tourisme local. Au niveau des agences de voyages, nous enregistrons un engouement pour les formules et circuit local. Ce n’est plus le rush orienté uniquement sur le voyage de la Omra et du Hadj, les choses ont énormément évolué. Il y a un intérêt exprimé par le consommateur qui est appréciable, les hôtels lors des réservations affichent complets à longueur d’année. En termes de choix exprimé, nous constatons que le touriste algérien exprime un choix porté sur le tourisme culturel (les célébrations des fêtes traditionnelles ou religieuses telles que El Mawlid ennabaoui, le sboue, la sbiba, les fêtes traditionnelles etc. Une chose est sûre, l’Algérien ne se contente plus du balnéaire uniquement, il veut plus, aller à la découverte d’autres horizons, bref tous les pays. C’est la consécration de la politique de l’Etat qui a été axée dès le départ sur la diversité des paysages. On parle de plus en plus de la destination Algérie, la stratégie, qui a été développée, est inscrite dès le départ dans l’exploration et la mise en valeur de tout le potentiel touristique que recèle notre pays.

Vous avez cité les différents sites touristiques que recèle l’Algérie, comme le balnéaire, le thermalisme, et le cultuel, cependant une protection de ces sites est nécessaire afin de les préserver de toute dégradation. Quelle est à ce niveau la collaboration du ministère de l’Environnement ?

Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de l’Environnement. Il existe à ce sujet de nombreux textes de lois, qui nous relient avec toutes les zones d’expansion touristique, qui doivent prendre en considération la protection de l’environnement de l’écotourisme, en un mot la préservation des sites naturels, l’économie bleue n’est pas une simple vue d’esprit dans notre secteur, c’est une nouvelle orientation que nous prenons très au sérieux. Pour revenir à votre question, le tourisme et l’environnement sont deux secteurs

complémentaires. Avec le ministère de l’Environnement, nous entretenons d’excellentes relations de travail, ce dernier participe et fait partie prenante de toutes nos missions et réunions, nos actions sont concertées, elles visent un seul but commun, la préservation des sites touristiques et le bien-être de nos concitoyens. Il faut savoir que le tourisme est un secteur transversal, il draine tous les secteurs de l’économie nationale, on ne peut pas parler de tourisme sans aborder la question de la voirie, du raccordement des eaux usées, sans alimentation en eau potable, sans internet, sans transport etc., bref comme vous le constatez, tous les secteurs de l’activité économiques sont imbriqués les uns aux autres, dépendant aussi les uns des autres. A titre d’exemple, je vous citerai deux grands projets réalisés dans la capitale, la balade de la Sablette et la construction de la Grande Mosquée qui sera bientôt inaugurée, ce sont des projets qui sont aussi à vocation touristique.

Le foncier est un véritable obstacle auquel se heurte le développement de votre secteur. Quelles sont, selon vous, les solutions que vous préconisez pour venir à bout de cet épineux problème ?

C’est vrai. Il y a environ cinq ans, le foncier était un véritable casse-tête pour les investisseurs qui souhaitaient investir dans le domaine du tourisme, actuellement le problème ne se pose plus. C’était un obstacle technique, il faut savoir que les pouvoirs publics ont opté pour le développement d’une politique rigoureuse du tourisme en Algérie. Tout un arsenal de textes est venu réglementer cette question. A mon avis, on ne développe pas un foncier touristique si celui-ci n’est pas doté d’instruments légaux ainsi que de l’urbanisme, c’est une règle nécessaire pour réussir à investir, il y a eu une véritable prise de conscience et les pouvoirs publics ont dès le départ affirmé leur détermination afin de booster le secteur et gérer ainsi tous les obstacles qui freinent son expansion, et ce, en instituant des dispositifs légaux régulant les superficies et les terrains destinés à l’exploitation touristique.

Les assises nationales sur le tourisme se sont tenues dernièrement à Alger, quel enseignement peut-on en tirer ?

Les assises nationales du tourisme se sont tenues à Alger les 21 et 22 janvier dernier sous le haut patronage de Son Excellence Monsieur le Président de la République, c’était une occasion pour débattre des différents aspects du secteur. Ces assises avaient comme fondement de mettre en place un management touristique. Tous les opérateurs, ayant un rapport avec notre activité, ont participé aux travaux de ces assises.

Quatre ateliers, où toutes les régions du pays étaient représentées, ont été organisés. Ces derniers ont travaillé et étudié toutes les possibilités qu’offre notre pays afin de relancer le tourisme dans notre pays et permettre, par la même occasion, d’être au diapason des nouveautés au niveau national. Ces ateliers ont également conclu sur la réflexion de développer la destination Algérie et de la porter à l’international. Durant ces assises, nous avons évoqué les défis du développement touristique à l’horizon 2030, ainsi que la politique de décentralisation adoptée par le gouvernement, une approche nouvelle qui permet d’explorer toutes les régions de l’Algérie. La formation ainsi que la documentation classique et numérique ont été débattues durant ces assises, le but étant de trouver les solutions innovantes permettant de révolutionner l’activité touristique.

Qu’en est-il de l’utilisation du numérique, comptez-vous développer une communication qui soit moderne, adaptée aux nouvelles technologies modernes ?

Le ministère du Tourisme et tous ses organismes sont très conscients de l’importance de la maîtrise des nouvelles technologies basées sur le numérique. En tout cas, nous sommes conscients de cette évolution et de la nécessité de la maîtriser. Les nouvelles démarches que nous avons adoptées dans ce sens, donnent toute la considération au développement de ce secteur moderne et vital, sites WEB, portails numériques, l’utilisation des réseaux sociaux etc. Aujourd’hui, nous sommes très conscients de l’utilisation des TIC, en tant que moyens de la communication moderne. La preuve, la réservation électronique, l’hébergement, la téléphonie sont des réalités, il est impératif de s’adapter si nous voulons transformer notre modèle de gestion. C’est un défi que nous sommes prêts à relever car cela revêt le caractère de l’impératif pour être à la page de la nouvelle ère du numérique.

 

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