Un long chemin à parcourir par l’Algérie

Par Zahir Radji
Le continent africain s’apprête au lancement de sa zone de libre échange. Englobant une cinquantaine de pays ayant adhéré à cet accord d’association, dont 33 ont déjà l’en ratifié, la Zone africaine de libre-échange (ZLECAf) entrera en vigueur à partir de janvier 2021. Certainement, c’est une bonne chose pour l’Algérie, qualifié de choix stratégique par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad.
Mais plusieurs questions méritent d’être posées : Est-ce que réellement nous sommes prêts à aller vers cet accord, en tirant profit de ce gigantesque marché? Est ce que les institutions sont prêtes pour accompagner les entreprises dans leur acte d’exports ? Selon l’avis de plusieurs experts, un long chemin nous attend à parcourir. Selon eux, un grand travail doit être consenti sur les différents plans afin de réussir l’acte d’export, tout en éliminant les contraintes bloquant les entreprises qui perdurent depuis des années. En effet, d’abord, le choix stratégique prôné par le Premier ministre, Djerad, lors de la dernière réunion des présidents et gouvernement de pays africain doit être partagé par les différents ministères, a préconisé M. Ali Bey Nasri, président de l’Association nationale des exportateurs (Anexal).
Ainsi, il a appelé à faire associer les entreprises algériennes (privé et public) dans la stratégie du gouvernement, puisque, explique-t-il, c’est eux les véritables acteurs dans les opérations d’exportations. « Ce que nous attendons au tant que Association spécialisé dans l’exportation de nos associer à cet accord», a-t-il souligné, en indiquant que : « Vu le contexte actuelle et la réalité du terrain, je pense que l’Algérie n’est pas encore prête pour cet accord».
Ce constat amer a été fait sur la base de données du terrain, dira-t-il, en faisant savoir que «nous avons très peu d’entreprises exportatrices. Nous possédons seulement 5 entreprises qui totalisent 90% des exportations hors hydrocarbures». Le président de l’Anexal a interpellé les pouvoirs publics sur la nécessité de construire un terrain attractif. L’autre problématique qui risque d’échouer l’adhésion de l’Algérie à la ZLECAf, c’est parce que notre offre exportable est très réduite, en indiquant que : «L’Algérie n’a pas construit un processus offensif pour l’exportation. Durant les 20 dernières années, l’exportation n’a pas été reconsidérée par les gouvernements précédents. Nos exportations ne dépassent pas les 2,8 milliards de dollars». Dans ce cadre, Ali Bey Nasri a mis en garde contre la reconduction de nos erreurs commises avec l’UE.
«Comme nous avons rapproché aux Européens l’’absence d’IDE dans notre pays, les Africains vont ainsi le formuler pour notre gouvernement. Il ne faut que cette approche soit dupliquée avec les Africains, parce que la plupart des pays africains sont très peu industrialisés. Ils attendent de nous de réaliser des investissements chez eux. Il ne faut pas reconsidérer l’Afrique uniquement comme un marché», a-t-il précisé.
Outre les contraintes du contrôle de l’origine des produits, le président de l’Anexal a énuméré le problème de change qualifié de «répressif» et n’encourage pas les opérateurs économiques dans les opérations d’exportation, au contraire, il les bloque !, en relevant que son association a fait beaucoup de propositions à ce sujet là, dont l’accompagnement bancaire.
Il a, enfin appelé à la révision en urgence de la réglementation de change, de mettre en place un environnement attractif pour les entreprises exportatrices et la création de zone économique à nos frontières Sud.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire