Un remaniement éminemment économique

Par Essaïd Wakli
Six mois après sa nomination, le gouvernement de Abdelaziz Djerad a été remanié, mardi. Les changements intervenus ont un caractère beaucoup plus économique.
Ainsi, les principaux changements ont concerné les secteurs des finances, les énergies renouvelables, l’énergie, l’agriculture et le tourisme en plus du ministère délégué aux Incubateurs. L’ancien PDG de Sonatrach (1997-2000), Abdelmadjid Attar, qui était également ministre des Ressources en eau, remplace Mohamed Arkab, propulsé à la tête du ministère des Mines, un autre département créé pour booster le secteur des ressources minières. Dans une déclaration effectuée lors de la cérémonie d’installation, qui s’est déroulée hier, le nouveau ministre a relevé l’existence de nouveaux enjeux dans le secteur énergétique «d’autant plus que la situation énergétique au niveau mondial a changé depuis près d’une dizaine d’années, notamment à cause de la récession économique mondiale». «Il y a aussi la baisse des prix du pétrole à partir de 2014 ainsi que la pandémie du Covid-19 depuis le début de l’année en cours. Les analystes disent désormais que le secteur de l’énergie ne peut pas poursuivre avec la même organisation et les mêmes objectifs», a fait savoir M. Attar. Selon lui, le monde va changer durant les deux années suivantes, d’où la nécessité pour l’Algérie, a-t-il estimé, de faire face à cela avec un nouveau plan et de nouveaux comportements notamment en ce qui concerne la gestion et la préservation des ressources énergétiques.
Les ressources énergétiques de l’Algérie en gaz et de pétrole «sont suffisantes, la sécurité énergétique est sûre jusqu’à 2030 voire 2040. Toutefois, la problématique est que l’économie nationale doit oublier la rente énergétique et doit travailler sur la production de nouvelles richesses à moyen terme», a-t-il ajouté.
Mohamed Arkab, longtemps ministre de l’Energie, a hérité d’un nouveau portefeuille. Il est désormais chargé de s’occuper des Mines. Cela est devenu donc un secteur à part entière qui pourra être utilisé par les autorités pour permettre au pays d’engranger plus de revenus en devises. Le chef de l’Etat a d’ailleurs rappelé le caractère stratégique de ce secteur en indiquant que le sol du pays regorgeait de richesses inexploitées jusque-là. Mais avant l’exploitation, les autorités souhaitent d’abord recenser ces richesses.
Le deuxième changement majeur concerne le ministère des Finances, où Abderrahmane Raouya cède son fauteuil au gouverneur de la Banque centrale, Aymen Ben Abderrahmane. Un changement pour le moins inattendu, mais largement justifié par la conjoncture économique actuelle. Comme les réserves de change sont très faibles, et les revenus des hydrocarbures en baisse, le gouvernement peine à mobiliser les ressources financières nécessaires au fonctionnement de l’Etat. Pour cela, un autre regard est donc nécessaire.
Deux autres secteurs stratégiques ont connu des changements. Il s’agit de l’agriculture dont le ministre, Omar Omari, a été remplacé par Abdelhamid Hamdane. De même, Mohamed Hamidou remplace désormais Hacène Mermouri comme ministre du Tourisme. Les deux ministères sont considérés comme stratégiques par le chef de l’Etat qui veut ainsi trouver le moyen d’absorber le chômage. Les deux ministères des Transports et des Travaux publics ont été scindés en deux.
D’autres ministères économiques ont changé de responsables. C’est le cas du ministère délégué chargé de la Prospective qui échoit désormais à l’expert Mohamed-Chérif Belmihoub qui remplace Bachir Messaitfa. Le ministère des Incubateurs a été simplement supprimé.