Une année difficile attend le gouvernement

A peine désigné dans les prochaines heures, le nouveau gouvernement de Abdelaziz Djerad fera face à d’énormes défis sur le plan économique.
En plus de faire face au déficit budgétaire chronique, il devra notamment trouver des ressources pour renforcer le pouvoir d’achat et relancer l’économie.
Pour tenter de rassurer les couches défavorisées, le nouveau chef de l’Etat a fait deux promesses importantes. La première est liée à la défiscalisation des salaires de moins de 30 000 DA. Le chef de l’Etat veut ainsi donner un coup de pouce à la classe moyenne inférieure dont le salaire se situe entre le Salaire minimum garanti, SNMG, et 30 000 DA, qui est le salaire moyen dans la Fonction publique. Cela va aider certainement beaucoup de familles. Mais les gains ne seront pas énormes en plus du fait que cela crèvera davantage les finances publiques, déjà mises à mal par des errements budgétaires à répétition.
Pour faire face à la situation, le chef de l’Etat a promis de s’attaquer à l’évasion fiscale et aux grosses fortunes qui ne paient pas les impôts. Une idée déjà proposée par des acteurs de la vie politique qui n’ont jamais compris comment les salariés paient beaucoup plus d’impôts que les entreprises. Pour l’économiste Abdelhak Lamiri, le gouvernement a d’autres solutions. «Pour générer des ressources fiscales, il faut accroître la croissance économique, c’est à cet endroit que le gouvernement peut introduire des réformes structurelles pour libérer l’acte d’investir et réintégrer le marché informel dans celui formel. La privatisation productive d’un certain nombre d’actifs publics (services, tourisme, transport…) peut également générer des ressources, à condition qu’elle ne ressemble pas à ce qui a prévalu antérieurement. Enfin, la privatisation peut également s’opérer par l’ouverture de certains secteurs aux capitaux privés nationaux et internationaux», a-t-il suggéré.
En plus de cette question du pouvoir d’achat, le gouvernement devra trouver des solutions au déficit du budget. Pour cela, les spécialistes sont formels : il ne faut pas compter sur la hausse des prix du pétrole. Par contre, pour des spécialistes, il faut «continuer à tirer sur la planche à billets, dévaluer substantiellement le dinar, procéder à des coupes drastiques sur les dépenses de fonctionnement, augmenter les impôts et taxes, revenir à l’endettement extérieur, et ouvrir le robinet du financement des projets rentables», propose Lamiri.
Pour cela, il n’est pas exclu que le gouvernement fasse recours à une loi de finances complémentaire. Un choix difficile pour les autorités qui devront trouver des ressources nécessaires. «Pour améliorer les ressources financières de l’État, il faudrait d’abord s’organiser pour réanimer le marché boursier, créer des emprunts attractifs, mais aussi permettre des cessions d’actifs d’entreprises publiques, y compris éventuellement au sein de la compagnie Sonatrach et des banques étatiques», a indiqué l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Badreddine Nouioua. Cela en plus du financement extérieur. Le recours à l’endettement est devenu inévitable aujourd’hui. «La première chose à envisager dans le contexte actuel est de mettre en avant les richesses naturelles disponibles, comme les mines, la pétrochimie et les hydrocarbures qui, il ne faut pas l’oublier, constituent la première ressource du pays. Actuellement, l’accès au marché financier international est très difficile», insiste l‘expert financier. En tout cas, c’est une année difficile qui attend les autorités.
Par Essaïd Wakli