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Une manne dont profite si peu l’Algérie

Les fonds envoyés par les émigrés

Les fonds que les millions d’émigrés à travers le monde transfèrent annuellement vers leurs pays d’origine respectifs se chiffrent en centaines de milliards de dollars.

Selon la note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement (Migration and DevelopmentBrief) concernant l’année 2015, les quelque 181 millions de migrants recensés à travers le monde, dont une grande partie provenant des pays dits en développement, ont transféré cette année-là la rondelette somme de 431,6 milliards de dollars.

C’est l’Inde, dont la communauté émigrée avoisine les 13 millions de membres, qui a engrangé la plus importante part de ces transferts ; ces ressortissants établis à l’étranger ayant, en effet, envoyés à leurs familles au pays quelque 69 milliards de dollars ; une somme en baisse, toutefois, par rapport à celle envoyée l’année d’avant, en 2014, qui avait été estimée par un rapport de la Banque précitée à environ 71 milliards de dollars.

Parmi les autres pays classés dans le peloton de tête des bénéficiaires de ces transferts figurent, par ordre décroissant des sommes engrangées, la Chine (avec 64 milliards de dollars), les Philippines (28 milliards), le Mexique (25 milliards) et le Nigéria (21 milliards).

Dans l’aire géopolitique, la région MENA (Moyen-Orient/Afrique du Nord), à laquelle appartient l’Algérie, c’est l’Egypte qui occupe le haut du pavé. Ses trois millions de ressortissants établis à l’étranger, dont une grande partie dans les pays du Golfe, ont envoyé, en 2016, des fonds estimés à presque 20 milliards de dollars.

Elle est suivie, dans un ordre décroissant des volumes transférés, par  le Liban (7,2 milliards de dollars), le Maroc (6,4 milliards), la Jordanie (3,8 milliards) et la Tunisie (2,5 milliards). Des pays qui dépassent l’Algérie en la matière, et ce, malgré le fait que notre communauté émigrée, estimée à un peu plus de 5 millions de membres, est autrement plus importante que les leurs.

Selon un rapport du Fida (Fonds international de développement agricole), les Algériens établis à l’étranger n’ont transférés qu’un peu plus de 2 milliards de dollars. Une situation qui soulève moult interrogations sur les raisons qui poussent ceux-ci à être moins «généreux» et moins solidaires avec leurs parents restés au bled que ne le sont les ressortissants des pays précités avec les leurs.

Surtout qu’à propos de ce dernier point, la solidarité, le directeur du Groupe des indicateurs mondiaux de la Banque mondiale, le Chilien Augusto Lopez-Carlos, n’a pas manqué d’estimer dans la note d’information de la Banque mondiale précitée que «les envois de fonds des migrants constituent une source importante et relativement stable de revenu pour des millions de familles, mais aussi de réserves de change pour de nombreux pays en développement».

S’il est difficile, au vu des forts liens qui continuent de lier les membres des familles algériennes établies de part et d’autre de la Méditerranée, et même au-delà, de s’arrêter à une quelconque absence de solidarité de nos émigrés à l’égard de leurs familles restées au pays pour expliquer cette situation, tout indique, en revanche, que les raisons à son origine sont à chercher ailleurs.

Pour de nombreux experts, dans l’absence d’une politique claire et offensive de nos institutions bancaires visant à capter puis à canaliser vers le pays la véritable manne que constitue les fonds en possession de nos émigrés, et ce, par le lancement de produits avantageux à leur intention qui pourraient les inciter à transférer vers le pays lesdits fonds.

Et, par ricochet, qui pourraient les détourner du marché parallèle de la devise vers lequel une bonne partie d’entre eux a recours pour échanger, à des taux des plus avantageux, les devises qu’ils possèdent.

Faut-il dire que de telles transactions, il est vrai des plus profitables pour eux et pour les «maîtres» de ce marché, sont fortement préjudiciables pour l’économie nationale.

D’où les inévitables interrogations sur le laxisme, qui perdure, des pouvoirs publics à réguler, définitivement, le marché parallèle des devises et à prendre les mesures idoines pour contraindre les institutions bancaires nationales à lancer des produits destinés à capter l’épargne de nos ressortissants établis à l’étranger.

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