Vers un retour de Sonatrach en Libye
Par Essaïd Wakli
Malgré la crise politique et sécuritaire, des entreprises pétrolières pourront reprendre leur travail en Libye. C’est le cas de la compagnie nationale Sonatrach qui serait en négociations avec des parties libyennes pour une reprise du travail après presque 10 ans d’absence.
«Une coordination est en cours avec le ministère libyen de l’Energie afin que la société puisse reprendre ses activités dès que les conditions le permettent», c’est ce qu’a déclaré la semaine dernière le ministre de l’Energie Mohamed Arkab devant les membres de la commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN), dans le cadre de l’examen du projet de loi portant règlement budgétaire 2017.
Pour le gouvernement algérien, deux conditions sont essentielles pour un éventuel retour de la Sonatrach en Libye. Cela se résume dans la sécurité pour les employés de la Sonatrach et ses installations, mais aussi de l’activité qui doit être «rentable», notamment en ces moments de baisse des prix du baril.
En 2011, la Sonatrach a dû suspendre ses activités en Libye dès la détérioration des conditions sécuritaires, avec la chute du régime de Kadhafi, et la propagation des affrontements armés dans le pays. La Sonatrach venait à peine de réaliser une découverte du pétrole dans le bassin de Ghadames au sud-ouest de Tripoli.
En janvier 2018, les deux pays ont signé un accord-cadre portant sur le renforcement des capacités des deux parties dans la gestion des réserves de pétrole et de gaz qui se situent le long de la frontière qui les sépare.
Pendant ce temps, la grande région pétrolière que l’on appelle le croissant pétrolier est toujours sous le blocus imposé par les troupes du maréchal Haftar. Ce blocus a coûté au pays plus de cinq milliards de dollars, selon la Noc. «Du fait d’avoir laissé certains gisements inactifs, il y a même une déperdition, en termes de capacités inhérentes à certaines réserves. Donc, il y a des dégâts supérieurs au simple fait de calculer sur une feuille le manque à gagner en multipliant le prix du marché par le nombre de barils qui auraient été extraits, si le rythme d’avant le 17 janvier 2020 avait été préservé», a indiqué dans ce sens Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut des relations internationales de La Haye aux Pays-Bas, cité par l’AFP.
La compagnie libyenne de pétrole, National Oil Company (NOC) a annoncé la semaine dernière «la reprise de la production sur le champ pétrolier d’al-Charara (sud) après de longues négociations pour la réouverture de la vanne d’al-Hamada, fermée depuis janvier».
«Nous espérons que la reprise de la production à al-Charara sera un premier pas pour relancer le secteur pétrolier et gazier et éviter un effondrement économique en ces temps difficiles en Libye», a commenté le patron de la NOC, Mustafa Sanalla sur Facebook.
«La première phase de production débutera avec 30 000 barils/jour (…), avant de revenir à pleine capacité sous 90 jours, du fait des dommages résultant de la très longue fermeture», a encore précisé M. Sanalla.