Voilà pourquoi l’Algérie n’arrive pas à exporter

Certification, conformité, propriété industrielle
Il est patent à un moment où tous les efforts tendent vers des débouchés hors énergies fossiles, l’Algérie se retrouve face en panne d’exportation. Si pour beaucoup d’économistes, les potentialités existent et sont avérées, il n’en demeure pas moins que nous en sommes encore à traîner du pied, et nos exportations sont encore au niveau d’une portion congrue. Les raisons sont aussi multiples que complexes, et démêler cet écheveau, ne sera pas chose aisée. C’est une question que le ministère de l’Industrie et des Mines veut prendre en charge à travers une campagne de sensibilisation et diverses mesures. M. Guend, directeur général de la compétitivité industrielle au ministère de l’Industrie et des Mines, a réaffirmé la volonté de son département de hisser le niveau des entreprises algériennes aux normes internationales.
Lors de son passage chez nos confrères de la Chaîne III, celui-ci a été catégorique en ce sens et a expliqué que l’accréditation, la conformité, la certification ou la propriété industrielle, ne sont pas des concepts, mais bien une essentialité pour les entreprises algériennes pour exporter.
A l’heure où le débat est essentiellement axé sur l’exportation, pour ce responsable du ministère de l’industrie, il ne suffit pas donc de vouloir mais de savoir comment exporter. Or savoir vendre son produit, il faudrait que celui-ci réponde déjà aux normes exigées par les clients. M. Guend a insisté, particulièrement, sur la nécessité de maîtriser l’ensemble de ces concepts pour postuler sur le marché mondial. «Pour exporter, il est plus que nécessaire d’adapter le produit national aux nouvelles normes définies par le ministère», a-t-il affirmé. «Pour s’imposer, explique-t-il, il faut proposer un produit de qualité, et par qualité, on sous-entend un produit qui répond à toutes les attentes du consommateur, qu’elles soient exprimées ou implicites».
La question que se posent les exportateurs est de savoir si les entreprises algériennes maîtrisent déjà l’idée d’exporter. En effet, nos entreprises se trouvent souvent en décalage avec la réalité du terrain, expliquent des observateurs.
Déjà en amont, nos entreprises souffrent d’un handicap majeur. En effet, leur management est issu d’une gestion empirique pour une société de type physique et non morale. En cas de décès du fondateur, la survie ou la continuité des activités deviennent aléatoires, surtout si les héritiers seront nombreux.
De plus, comme l’a souligné M. Guend, l’entreprise pour exporter devrait être innovante, et de ce côté là, le bât blesse. Nos entreprises, pour la plupart d’entre elles, n’investissent pas ou très peu dans la recherche, se contentant d’expliquer l’existant. A ce sujet, le représentant du
ministère de l’Industrie a annoncé le lancement d’une campagne de sensibilisation à l’occasion du salon national de l’innovation. En plus de cette campagne ponctuelle, M. Guend a rappelé la mise en place d’une «infrastructure qualité nationale», permettant aux professionnels de se renseigner et d’améliorer l’environnement national de l’entreprise.
En outre, la bureaucratie pèse sur l’acte d’exporter. Au moment où la réponse à une question devrait être immédiate et réactive, chez nous cela peut prendre des journées.
Les difficultés et les blocages que subissent les exportateurs, même lorsque les opportunités d’exportation existent, les acteurs économiques sont découragés par les procédures, les lenteurs et la bureaucratie dans le traitement des opérations d’exportation.
Il faut aussi souligner que les questions de la logistique, du transport et du fret sont également une épine dans le pied des exportateurs. Avec des coûts parmi les plus élevés de la région, faute d’infrastructures (portuaires notamment) performantes, les frais de transport pour acheminer la marchandise vers l’étranger sont dissuasifs.
Les économistes soulignent aussi, que si l’idée d’exporter est intégrée, les difficultés n’en sont pas pour autant levées. En Algérie, il est difficile d’accéder à ses propres devises déposées en banque. En cause, une réglementation des changes de la Banque centrale largement dissuasive. L’intérêt et le bénéfice tirés de l’acte d’exporter est dès lors largement réduit. Les banques sont également pointées du doigt, tant elles découragent les exportateurs avec des procédures et une liste de justificatifs interminables.
C’est tout cet ensemble de données que l’on doit traiter afin de s’assurer que l’acte d’exportation devienne une réalité tangible et rentable.