ZLECAf : l’Afrique face aux défis du commerce mondial

Face aux tensions économiques mondiales, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) s’impose plus que jamais comme un levier stratégique pour l’Afrique. La montée en puissance des guerres commerciales, notamment entre les États-Unis et la Chine, met à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement mondiales. Cette reconfiguration du commerce international menace directement les économies africaines, souvent dépendantes de ces deux puissances.
La récente décision de l’administration Trump d’imposer des droits de douane allant jusqu’à 145 % sur les produits chinois, et la riposte immédiate de Pékin (125 % sur les produits américains), fragilise l’ensemble du commerce mondial. Déjà, les exportations chinoises ralentissent, affectant les ports majeurs comme Shanghai. Ce choc économique se répercute inévitablement sur l’Afrique, partenaire commercial de premier plan de la Chine depuis plus d’une décennie.
L’Afrique se retrouve donc prise entre deux feux, confrontée à un ralentissement de la demande chinoise pour ses matières premières, à une volatilité accrue des marchés et à des risques géopolitiques accrus. Pour éviter de devenir un terrain de guerre commerciale par procuration, le continent doit accélérer son intégration économique.
C’est là que la ZLECAf prend tout son sens. En renforçant les échanges intra-africains, aujourd’hui inférieurs à 15 %, elle permettrait de réduire la dépendance aux marchés extérieurs. Mieux encore, elle offre un marché de 1,3 milliard de consommateurs et un PIB cumulé de plus de 3 000 milliards de dollars, capable d’attirer des investissements structurants et de faire émerger une véritable souveraineté économique.
Au-delà du commerce, la dimension monétaire est également cruciale. L’unité de compte utilisée par la Banque africaine de développement (BAD), adossée aux ressources naturelles critiques de l’Afrique (cobalt, lithium, manganèse), pourrait servir de base à une future monnaie panafricaine. Ce mécanisme permettrait de réduire la dépendance au dollar, de stabiliser les échanges et de faciliter le financement des grands projets d’infrastructure.
L’heure est donc à l’action. Rendre effective la libre circulation des personnes, harmoniser les normes commerciales et investir dans les infrastructures logistiques et numériques sont des étapes clés. La ZLECAf n’est pas seulement un accord économique, c’est une vision d’avenir pour un continent plus uni, plus fort et plus autonome dans un monde incertain.